J'ai longtemps été rebuté par le visionnage de ce film, déjà parce que je ne suis pas fan de films d'horreur à la base (nature sensible) et aussi parce que je n'aime pas trop avoir peur... Pourtant j'aime l'imagerie horrifique : les vampires, les sorcières, les monstres... tout le bazar. Mais si je ne l'ai pas vu avant, c'est également parce que je pensais que c'était un peu nul.
Et bien j'avais tort sur toute la ligne. Débutant comme un banal slasher (en même temps peut-être le film qui a défini le genre), la mise en scène s'épaissit, jusqu'à devenir un ballet macabre hallucinant, où seule la survie compte. Les comédiens sont complètement tarés, lâchés sur la granuleuse pellicule comme des fous furieux hystériques, salement malsains et bougrement dégueulasses. La silhouette massive et inquiétante du mythique Leatherface empoisonne l'écran, ne laissant que peu de place au plaisir, oppressant à souhait, sorte d'entité grondante dépourvue d'humanité. Toujours accompagné d'un assourdissant bruit de moteur, le psychopathe fout la pression comme jamais... lui et toute sa famille de rednecks dégénérés. J'ai rarement été autant flippé et absorbé.
Le dynamisme de la caméra, les plans au LSD, le casting on fire et la photographie viennent renforcer cette impression de réalisme, due également à l'utilisation de musiques diégétiques dont l'instrument principal est une tronçonneuse. Il est épatant de voir un film aussi bien géré avec un budget si restreint, surtout qu'il est l'un des tous premiers du réalisateur. Dès le départ Tobe Hooper nous plonge dans le suspens et ne nous lâche plus pendant plus d'une heure. Préférant la suggestion au dépeçage face-cam, ce dernier signe ici un très grand film d'horreur, à ranger aux côtés de Psychose et de The Thing.