Nov 2009:
Greta Garbo et ses sourcils en accent circonflexe, ses sourires énigmatiques, est une bien étrange Mata-Hari, fascinante, classieuse. Elle joue à merveille la grande prétresse des séductions électives, froide, lointaine mais tout de même femme, en proie à ce petit désagrément qu'on appelle l'amour. Au coeur du film, comment l'amour transforme-t-il un être faux, manipulateur et cynique en femme passionnée, martyre, fidèle et prête au sacrifice le coeur presque léger? De grande dame putain, à la sainte, Jeanne d'Arc, illuminée par l'amour, Garbo promène sa voix sur toute la tessiture de la femme "hors du commun", héroïne magnifique et intemporelle.
Le film ne manque pas d'émotion, certaines scènes sont déchirantes, malheureusement d'autres passages abusent de la larmichette. George Fitzmaurice propose une mise en scène volontiers ampoulée dans les instants extrêmement mélodramatiques (séparations amoureuses, l'attente de l'exécution). Dommage également qu'on ait fait appel à Ramon Novarro dont le sourire béât et le regard enfantin lui donnent un air bovin et appuie la juvénilité du personnage mais indispose à l'heure d'imaginer qu'une telle femme puisse en tomber amoureuse. Oh mais si! Même Ben Affleck a l'air plus finaud, voyons!
Ce que Fitzmaurice fait de sa caméra est par instants impressionnant de maitrise. Sans aller jusqu'à provoquer une érection de ma pilostié, ses choix sont judicieux. C'est du bon boulot : quelques séquences sont fort jolies sans être extraordinaires. Non, ce qu'on retiendra avant tout c'est ette puissance de conviction que la Garbo parvient à exprimer tout en nuances et subtilités qui laissent émerger une part de mystère et d'envoûtement. Mata-Hari est Greta Garbo. Sans être le meilleur de Garbo, ce film n'en demeure pas moins une oeuvre intrigante et peut permettre à tout un chacun de découvrir le charme indéfinissable qui émane de cette comédienne.