Le plus frappant dans "Match Point" est peut-être la suprême élégance de la mise en scène, cet art qu'a Woody Allen de filmer avec sobriété et justesse. Sa maîtrise de la temporalité du récit est notamment éblouissante : par l'utilisation d'ellipses, en posant doucement des jalons dans la narration au gré d'un dialogue ou d'une courte scène, qui ancre profondément l'action dans un temps et une époque donnés, Woody Allen permet au film de prendre l'ampleur nécessaire et de se développer dans le temps, rendant les péripéties crédibles car finalement étendues sur une longue période, à bien y regarder. L'autre fait marquant réside dans la psyché du personnage principal, Christopher Wilton, incarné par Johnattan Rhys-Meyer. Arriviste dans l'âme, parti de bas et obsédé par la progression sur l'échelle social, il fait montre de son origine modeste à chaque fois qu'il parle d'argent, l'obsession qu'il en a, son rapport à la vie matérielle et au confort que lui offre sa femme, confort qu'il a tant de mal à imaginer quitter. Héros balzacien dans l'âme, Christopher est un jeune homme beau, cultivé (il lit Dostoïevski) et désireux de réussir par les femmes, ou plutôt par une seule femme, personnage magnétique et pathétique à la fois, parfaitement incarné à l'écran.
Un des meilleurs Woody Allen.