Ce 4e volet de la saga Matrix fait partie de la catégorie des suites inutiles et sans aucune justification artistique qui au lieu de ressusciter une franchise ne font que l’enterrer plus profondément. Le film reste figé sur ses acquis et se complaît dans l’auto-référence jusqu’à balancer des extraits entiers des anciens films de la saga et ressortir du placard un bon nombre de personnages secondaires complètement cramés. Un procédé faisant lourdement appel au fan-service et à la nostalgie du spectateur, mais cet écran de fumée se dissipe très vite et la vacuité du scénario saute alors aux yeux. Le seul membre de la fratrie Wachowski qui ait pris part à cette farce tente de se dédouaner sans vergogne en allant jusqu’à dénoncer le forcing de Warner Bros pour que le film se fasse, si c’était pour garder la main sur le projet sans savoir quoi raconter peut-être aurait-il été préférable d’en confier les rennes à quelqu’un d’autre.
A défaut d’imagination les scénaristes se lancent dans une méta-psychanalyse bien pompeuse qui passe en revue les principaux concepts qui ont fait le succès de Matrix, il se dégage de tout ça une impression de pédanterie et de narcissisme assez malsaine. L’histoire finalement proposée se contente de recycler l’intro du premier Matrix en soufflant sur les braises d’une histoire d’amour torturée qui peine à convaincre. Trinity, et plus largement tous les personnages féminins, s’émancipent et prennent le contrôle de la matrice, la chose n’est pas étonnante à l’heure du wokisme obligatoire mais il est regrettable d’avoir rendu pour cela le personnage de Néo aussi insignifiant. Concernant Morpheus je n’ai pas trop compris ce qu’il était ni pourquoi il ressemblait à une caricature sorti d’une blaxploitation, quant aux nouvelles machines hybrides elles sont assez grotesques et beaucoup trop cheatées. Les effets spéciaux novateurs et le style radical des premiers films ont laissé la place à une esthétique beaucoup plus conventionnelle à l’image du look hipster de Néo et de la photographie pubesque de certains plans. Il en va de même pour les combats d’arts martiaux qui sont vraiment mous du genou et déjà vus, l’impression de voir un John Wick ankylosé accentue l’effet. Bref une tentative ratée de ressusciter une franchise culte, certes il était difficile de faire aussi disruptif qu’à l’époque mais le film manque bien trop cruellement d’envergure et de punch pour mériter de s’appeler Matrix.