La licence nous avait déjà quitté sur le peu fameux Matrix Revolution qui, si il était incapable de sortir du bourbier mystico-symboliste dans lequel il se vautrait depuis le second film, nous avait offert au moins quelques scènes de guerre contre les machines et une version de dragon ball Z plus convaincante que les adaptations officielles (quoique, les doublures numériques en ont pris un coup). Mais au moins, c'était bouclé, les personnages étaient morts, et on partait pour un avenir plein d'arcs en ciels. Mais non.


Le début est roublard. On voit la scène d'intro du premier matrix sous un autre angle, l'histoire ne se passe pas comme prévu, et les choses évoluent. Damned, ce ne serait pas plutôt Matrix Genisys ? Mais pas tout à fait. Un des agents (noir) commence à sympathiser avec une résistante aux cheveux bleus, parce qu'il a l'esprit ouvert. Non, pas dès les 5 premières minutes, s'il vous plaît ! J'essayais d'espérer, et... Attends quoi ? Aaaah, un twist ! Non, en fait, c'est quand même évident, mais ça passe. Ils me trollent, mais ça passe. Voyons la suite...


Il me serait difficile d'en dire davantage sans spoiler l'intrigue, je vais donc rester très général. En assénant dès les 15 premières minutes une réflexion sur l'existence même de Matrix 4 (on voulait faire du méta, mais c'est tellement premier degré que ça n'est pas intelligent), le film nous fait d'office un aveu. C'est une merde qui n'a rien de nouveau à ajouter. Il nous le dit sans cesse : personne n'est motivé pour le faire, c'est le bordel, ça part dans tous les sens, mais les producteurs ont rallongé le contrat et veulent le nouvel opus. Pourquoi avoir déterré le cadavre maintenant alors ? Visiblement, pour la coincidence de planing des différents acteurs. Si nous verrons quelques nouvelles têtes, beaucoup de revenants sont au programme, ramenés d'ailleurs pour des raisons discutables. Sur certains points, nous ne sommes pas loin de la genèse mystique du 5ème élément de Luc Besson. Mais alors que le film sort peu à peu du méta pour démarrer son intrigue, on se rend compte... qu'il refait régulièrement les mêmes scènes cultes que dans la trilogie, en moins impressionnant et surtout sans inspiration. Et pour atténuer cette sensation de déjà vu (qu'on appellerait plutôt un foutage de gueule à 150 millions), ils nous mettent... un chat récurrent qui s'appelle Déjà-vu... Un clin d'oeil qui devient symptomatique de la vacuité ahurissante structurant ce nouveau projet.


Pour résumer, un peu comme Cartel de Ridley Scott, ce film est conscient d'être vide et mauvais. Mais plutôt que de ne pas le faire, ils ont décidé de le faire en incluant le vide au début de son intrigue pour tenter de lui donner un sens. Parler du vide dans un projet vide pour combler le vide. Vous pensez que ça pourrait marcher ? Un foutage de gueule. D'autant plus frustrant qu'il y avait une bonne idée à développer au sein de ce film ! Suite à la victoire des humains, les machines commencent à en libérer une partie. Mais devant la crise énergétique que ces libérations occasionnent, des machines font sédition et une guerre civile mécanique commence. Voilà une idée ! Certains naissent libres, d'autres esclaves, certains veulent retourner dans la matrice, d'autres continuent d'en sortir, même merde qui change progressivement. Mais pas là. En revanche, vous aurez des machines mimi en mode poissons rigolos à la Némo. Et quel manque d'ampleur dans les scènes d'action... Aucune ne parvient à égaler la poursuite de l'autoroute ou le face à face néo-smith (inutile de parler du premier matrix qui reste dans la stratosphère des films cultes). On commence un peu à se réveiller durant la dernière demi-heure, mais sur 2h30 de programme... Le choix de photographie ressemble à n'importe quel blockbuster et ne pose aucune ambiance spécifique (oui, le code couleur bleu des pilules de ceux qui ont renoncé). Et bon sang, quel manque de dynamisme dans ces chorégraphies ! On critiquait déjà les premiers matrix question combat mous, et pourtant ils étaient nettement plus nerveux. Quelques jolis décors, j'en conviens.


En conclusion : si on n'a rien à dire, mieux vaut fermer sa gueule. Une résurrection vite expédiée qu'on aura tôt fait d'oublier. Pas sûr qu'après pareil désastre on doive se taper un autre affront. En revanche, après Cloud Atlas (apprécié mais un flop) et Jupiter Ascending (four total), c'est peut être le faux pas de trop pour les Wachowskis...

Voracinéphile
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le 24 déc. 2021

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Voracinéphile

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