La révolution continue

Je suis gros fan de toute l'oeuvre des Wachowski notamment Matrix, Cloud Atlas et Sense 8. Toute leur œuvre est un outil de propagande ou de transformation spirituelle révolutionnaire. Matrix n'est pas "une métaphore du capitalisme" ou autre genre d'analyses très faibles sensiblement.
Matrix fait concrètement ce qu'il raconte. Il appelle les âmes révolutionnaires à sortir d'un état d'anesthésie, à s'interroger sur leur chemin et à éventuellement l'assumer pour contribuer à la révolution.

Matrix parle de foi religieuse & révolutionnaire. La religion est révolutionnaire dans Matrix. Elle porte sur le fait de croire qu'on peut transformer le monde (et pas juste soi-même) en construisant et en partageant une foi dans une force collective de transformation. Cette foi consiste donc à mettre sa vie au service de quelque chose de plus grand que soi, à pouvoir donc choisir de la mettre en péril, de sacrifier sa sécurité au profit de ce en quoi on croit et pour quoi on est prêt à se battre et endurer des difficultés.

Matrix parle de gens, des camarades en fait, qui s'allient et jouent tous un rôle, le leur, pour faire advenir quelque chose.

Matrix 4 continue cela. En interrogeant le media et le rapport du spectateur au media, Matrix ne se fait pas d'illusions sur la récupération capitaliste de son message révolutionnaire. Le film interroge donc le spectateur sur le fait qu'il a éventuellement enterré le vrai message de la première trilogie pour en faire un simple divertissement, choisissant la pilule bleue par défaut de foi suffisante et pas par choix conscient réel. Car Matrix autorise tout un chacun à choisir la pilule bleue si ça lui convient, mais interroge ceux qui ont enterré leur véritable chemin pour une fausse sécurité qui anesthésie leur âme.
Ce que promet Matrix 4, c'est la joie apportée par la prise de décision courageuse de tout envoyer valdinguer pour suivre ce que dicte le cœur. Saisir la main de l'autre, ou de l'autre en soi, et reprendre contact avec l'amour/eros/force révolutionnaire/Dieu.e.

Y'aurait plein d'autres choses à dire sur les choix artistiques, la réussite sur la forme, etc. Mais je trouve ça bien moins intéressant que de parler de l'âme des films des Wachowski dont le message est clair d’œuvre en œuvre.

La révolution est inhérente à l'histoire humaine, autant que le désir réactionnaire de contrôle. Le contrôle à travers l'histoire a malheureusement dominé les vies, enterrant l'amour, laissant faire les violences et la hiérarchie. Mais quel que soit le degré de contrôle, il y aura toujours un soupçon de vie pour accepter de lever la tête et d'affronter ce qui semble insurmontable à toutes les vies qui ont choisi de supporter tout seul l'état des choses (avec l'équilibre précaire que cela suppose malgré tout, et aussi le fait d'accepter que les choses sont comme elles sont et qu'on ne contribuera pas dans le changement ou la volonté de changement radical).

Matrix troll la morale bourgeoise, à travers cette remarque à Niobe qui signifie en somme "tu t'es résigné à t'occuper de ton petit potager et tu as abandonné l'humain". Car oui, la révolution n'est pas faire son potager pendant que tant d'être humains souffrent le martyr à travers le monde. La révolution suppose d'écouter honnêtement son cœur, le message de Dieu.e, et le message est aussi libérateur qu'exigeant.

Matrix est une histoire collective. Comment on accepte d'être importants les uns pour les autres. Comment on accepte de s'aimer et ça veut dire aussi se questionner, se remettre en question. L'autre est soi-même ou une version alternative possible, en plus d'être son allié.e. Et chacun a un rôle pour faire advenir la prophétie qu'on décide ensemble de soutenir. Personne ne fait la révolution tout seul, ça n'a pas de sens. La révolution personnelle n'a de sens que si elle s'ancre ou est une étape dans la révolution collective.