Je dois admettre que la trilogie initiale Matrix est une bonne saga, ce sont des blockbusters intéressants qui ont osé proposer quelque chose, même si ça n’est pas toujours réussi. En fait, Matrix serait comme cet enfant obèse sans ventoline que ses parents forcent à suivre les cours d’EPS au collège : ça n’est pas fin, on se rend bien compte que ça s’essouffle et que l’on fonce droit à la crise cardiaque. Alors ce pauvre enfant se balance gauchement le long de la piste, trainant à la fois de poids de son âme et celui du Burger King coupé au Redbull de la veille – comme le fait finalement Matrix avec Baudrillard et ces bullet times. Mais si j’ai toujours été amusé grâce à lui pendant les cours d’EPS, j’ai également toujours passé de bons moments à enchaîner les trois films et c’est pour ça que, comme cet élève a qui je dois beaucoup, je serai très salé.
Que ce soit clair ce n’est pas non plus un film raté, au contraire le nouvel opus sait où se placer par rapport à la saga (et assume sa place de suite à la trilogie, et non pas seulement au 3). La légère incohérence scénaristique qui contrecarrerait l’existence même de ce film est vite dépassée, et c’est tant mieux. Mais pour autant, bien que conscient de sa place, on se retrouve face à un film qui perd la consistance de la trilogie initiale : les décors sont dans l’ensemble assez mauvais, les scènes ne respirent plus tant elles sont montées et je n’ose même pas aborder le travail de l’image qui perd en matière et en authenticité – on peut critiquer les autres films pour ça, mais au moins ils avaient l’audace de tenter quelque chose. Bref, ce qui faisait la « force » des autres Matrix n’est pas au rendez-vous, le film ne ménage pas bien ses effets et se lisse. Tout cela, évidemment, accompagné d’acteurs amorphes ayant la vivacité d’esprit de Vincent Lambert sous ecstasy : un duo Neo-Trinity qui s’effondre, des choix d’acteurs douteux ; heureusement qu’un autre Lambert (Wilson t’as capté ?) sauve la mise, même s’il ne sert à rien.
La cerise sur le gâteau serait peut-être l’ensemble du discours méta-cinématographique, et cette capacité à penser qu’admettre cinématographiquement la médiocrité d’un film le rend plus intelligent. Non. Ce qui aurait pu être une bonne idée de scénario se retrouve à plomber le film, qui devient lourd tant elle est mal exploitée.
Au final c’est un film qui brasse beaucoup mais encore une fois pour rien : aucune idée, aucune nouveauté, aucun risque. Ce 4e opus sera, j’espère, celui de la fin, celui d’une saga vidée du peu de substrat philosophique qu’elle avait, de son audace et de sa réussite.
En espérant, évidemment, que cela vous déplaira.
Bizou.