De la modestie (et de la masculinité toxique).

Après le retour mitigé de son dernier film, Xavier Dolan a décidé de s'entourer de trois choses qui lui sont chères : ses amis, ses thèmes favoris et Montréal.


La première chose qui apparaît est que le Québécois nous offre une oeuvre modeste, ce qui est tout sauf négatif ici. On pourrait presque entrevoir une réponse aux critiques faites à son égard avec ses derniers films.


Un film modeste donc mais la griffe Dolanienne est toujours présente et fait toujours son effet. Pendant la séance, j'ai peut-être enfin compris la raison de mon appétence pour les longs métrages de Dolan : la beauté. Tout est beau : le scénario, les images, la musique, le jeu d'acteur ... Cette beauté peut aveugler et nous faire oublier quelques lacunes légères.


La puissance du film réside dans le fait que les scènes, l'histoire et les personnages sont ordinaires : pas d'ado perturbé, pas de star de cinéma torturé, pas de Gaspard Ulliel mourant. Un groupe de potes s'organisent dans la perspective du départ d'un d'entre eux : Maxime (joué par Xavier Dolan). Ce dernier partage une ambiguïté amoureuse avec Matthias (joué par Gabriel D'Almeida Freitas) avec qui il a partagé un baiser de cinéma et visiblement d'autres baisers lycéens.


Peut-être une des faiblesses de ce 8ème film est une ambiguïté pas assez développé. Si on sent la souffrance psychologique de l'un et des prémisses de sentiments, il me semble que cette ambiguïté et ce manque de l'autre aurait dû être davantage traité pour une meilleure compréhension de l'histoire.


Néanmoins, c'est une belle d'histoire d'amour ou d'amitié que nous propose Dolan. Une histoire malheureusement étouffé par un climat assez toxique. Le groupe de potes quasi exclusivement composé de garçons a l'air d'empêcher par son atmosphère la concrétisation d'une belle relation. Ah, les hommes...


Enfin comme à chaque fois, c'est avec le sourire qu'on sort de la séance. Parce qu'on a ri, beaucoup, de la critique redondante d'une nouvelle génération ne s'exprimant qu'en anglicismes et en superficialité. Parce qu'on est touché, beaucoup, du jeu des deux principaux acteurs. Parce qu'on a de belles images pleins la tête et de nouvelles excellentes musiques à ajouter sur la playlist.


Un modeste Dolan et un bon film.

Fabien_Louchard
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le 15 oct. 2019

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Fabien Louchard

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