Avec 'Matthias et Maxime, Xavier Dolan effectue un retour aux fondamentaux du cinéma qui l'a fait connaître, loin de ses deux dernières expériences "étrangères" qui n'ont pas vraiment convaincu son public, pas plus que lui, sans doute. Le film est une sorte de comédie romantique, si l'on veut,, mais plus empêchée que la moyenne, avec tout un tas d'ingrédients que l'on trouvera familiers. Entre scènes accélérées et chansons plein pot, comme de petits clips, il y a même la place pour la sempiternelle relation mère/fils, assez violente d'ailleurs, mais qui n'apporte rien au thème central. Un peu inabouties aussi sont les scènes de groupe, qui virent parfois à l'hystérie par leurs dialogues forcenés et qui, même avec sous-titres, désarçonnent par leur vivacité juvénile et codée. Mais au-delà de ces "défauts", Matthias et Maxime possède les fulgurances habituelles du style de Dolan (la traversée de l'étang), un humour parfois ravageur et un romantisme mélancolique qui est bien évidemment autobiographique. Notons aussi que la direction d'acteurs est formidable, Dolan laissant avec humilité briller ses petits camarades et notamment l'excellent Gabriel D'Almeida Freitas. Peut-être que le film sera plus tard considéré comme charnière dans la carrière du cinéaste, comme s'il était désormais temps de passer à l'âge adulte et de laisser derrière lui les questionnements sur son identité et les amours imaginaires. A 30 ans et déjà 8 films au compteur, le québecois va sans doute acquérir davantage de maturité. Tout en gardant avec lui, on l'espère, ses emballements adolescents et sa manière de tracer sa route dans le cinéma qu'il sait faire, au croisement précis entre film d'auteur et grand public, avec son enthousiasme personnel et communicatif.