Bon, je crois que j'ai un problème avec Dolan là. Je sors à peine de Ma vie avec John F. Donovan et, même si je sais qu'il a rencontré de nombreux problèmes lors du tournage et du montage de ce film, même si j'ai l'impression qu'il a voulu trop en faire, ce fut la première fois que je me fis la réflexion comme quoi il n'aurait rien à raconter à travers l'un de ses longs-métrages. Concernant, Matthias & Maxime, les prémisses sont totalement différentes de Ma vie avec John F. Donovan : le tournage s'est avéré être beaucoup moins éreintant (du moins si l'on en croit son instagram), et surtout, il a réussi à se recentrer autour de quelque chose de plus simple… mais paradoxalement, la conclusion est la même : j'ai encore une fois eu l'impression qu'il n'avait rien à raconter.
Je veux dire, le coup de se découvrir homosexuel, franchement ? Il n'y avait pas plus novateur ?… bon bah du coup, j'ai vu l'intégralité du film en sachant par avance tout ce qui allait se passer… comme si j'avais davantage l'impression de revoir un film que d'en voir un nouveau justement. Petite précision afin que tout le monde soit d'accord : ce n'est pas le fait de traiter de l'homosexualité qui me gêne, mais d'en faire une nouvelle fois le sujet principal du film. Que Dolan continue à traiter ce sujet, pourquoi pas, mais qu'il en profite pour embrasser pleinement d'autres sujets par la même occasion.
C'est con quand même parce que Matthias & Maxime ne manque pas de qualités. Après une photographie décevante dans Ma vie avec John F. Donovan, André Turpin se refait plaisir à ce niveau-là et, même si cet aspect n'arrive pas à la hauteur d'un Laurence Anyways, force est de constater que le film est irréprochable à ce niveau-là.
Aussi, Xavier Dolan a été accompagné de Jean-Michel Blais pour la composition des musiques du film. Outre le fait que, surprenamment pour un film du réalisateur, on retrouve moins le côté « musique pop » de ses précédentes productions (j'en ai un peu honte, mais j'aimais ça), je ne peux surtout que le remercier de m'avoir fait découvrir ce pianiste. Je suis quelqu'un de simple : tu filmes quelqu'un en train de nager, tu mets une belle musique au piano derrière, et je suis conquis.
Aussi, Dolan a demandé à tes potes de participer à son film. Ç'a beau être de parfaits inconnus pour un Français comme moi (heureusement, pour me rassurer, il n'a pas oublié d'inclure Anne Dorval), rien à dire, ils jouent tous bien. On croit à cette bande de potes, à leurs conversations, à leurs private joke… à cet inexorable fin de la vingtaine. Bref, c'est crédible… au point même où c'est la première fois que j'ai vraiment eu besoin des sous-titres en regardant l'un de ses films tant certaines conversations en devenaient incompréhensibles… quoique même avec les sous-titres, j'ai eu du mal à comprendre par moment tant les dialogues défilent rapidement.
Sinon, on retrouve quelques-unes des particularités de son cinéma : en bien, le changement de cadre, notamment un passage en scope non dénué de sens ; en moins bien, les métaphores peu subtiles, notamment celle concernant cette maudite plante qui fane.
À l'heure où j'écris ces lignes, Xavier Dolan n'a pas réalisé de nouveaux films depuis Matthias & Maxime, ce qui constitue sa plus grande pause sur le plan de réalisation cinématographique. Heureusement, il n'a pas oublié qui il était. Il continue de faire du doublage, de jouer dans des films : il ne semble pas avoir pris la grosse tête en somme… bon, il est aussi professeur d'identité artistique de la Star Académie 6 au Québec (peut-être pas l'élément le plus intéressant à prendre en compte pour un bouffeur de grenouilles comme moi). Par contre, il a surtout créé, produit, scénarisé et joué dans La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé… et ça peut paraître paradoxal, mais autant j'ai été déçu par ses derniers films, autant je suis bien emballé par voir cette série. Merde, je crois que Xavier Dolan m'a encore eu !