Curieux film que cette oeuvre tardive de Francis Girod (son antépénultième), qui pour l'occasion tourne en Belgique et adapte un polar de la romancière Brigitte Aubert ("Transfixions").
La principale qualité de "Mauvais genres" est de situer son intrigue dans le milieu des travestis, transsexuels, prostituées et autres marginaux de la capitale belge. Se frotter à ce type de thématiques il y a une vingtaine d'années constituait une démarche courageuse.
Son principal défaut réside dans son aspect cheap, rarement à la hauteur de son sujet et de ses ambitions : l'ensemble s'apparente à 'un téléfilm (les scènes de crimes, mon dieu!), et certains aspects de son univers marginal ne sont pas traités avec suffisamment de rigueur.
Ainsi, comment croire un instant au personnage de Johnny, à ses emportements factices, et à sa relation naissante avec le héros, dans un mélange artificiel d'attirance et de rejet violent.
Par ailleurs, Francis Girod a beau proposer un vrai scénario de polar, ambitieux et plutôt accrocheur, celui-ci se révèle à la fois prévisible et trop alambiqué pour son propre bien, avec en prime une somme de cadavres extravagante.
Dommage, car "Mauvais genres" a aussi de bons côtés : le traitement du milieu des trans/travestis s'avère honorable, grâce notamment à une troupe de comédiens sobres et crédibles, à commencer par Robinson Stévenin, convaincant dans ce rôle hyper casse-gueule, et bien secondé par William Nadylam. On y croit, et franchement ce n'était pas gagné.
Coté casting, soulignons également la présence de Richard Bohringer en commissaire ambigu et les caméos de Micheline Presle et Ginette Garcin, entourés de jeunes acteurs belges en devenir (Stéphane De Groodt, Charlie Dupont...).
Au final, un film singulier et audacieux, qui souffre hélas de trop d'amateurisme pour susciter autre chose qu'une certaine curiosité. A noter que la musique n'est pas concernée par ce défaut, avec une belle partition inquiétante signée Alexandre Desplat.