Semelles de vent.
Après les promesses vibrantes de Boy meets girl, Leos Carax se lance à bride abattue en terre de cinéma. Mauvais sang est son manifeste, la bulle qui crève les années 80, qui plus est françaises,...
le 22 nov. 2016
48 j'aime
Le goudron des pavés parisiens brûle sous cette chaleur exceptionnelle, alors le monde devient fou, alors Alex prend Anna dans ses bras et l'amène au bout.
L'amour moderne, c'est la fragilité et la puissance d'un visage d'un Denis Lavant tout sauf terne, c'est sa capacité à aller de l'avant jusqu'à la mort, jusqu'à l'épuisement.
C'est un travelling d'un lyrisme fou sur du David Bowie, ce sont ces regards silencieux échangés sur le lit.
Ce sont ces coupes, ces cuts et ce montage sonore tels A bout de souffle, ces personnages qui sans cesse face à l'amour souffrent.
C'est le sourire attendrissant de Binoche, c'est le visage innocent de Delpy, c'est l'hypocrisie haineuse de Michel Piccoli.
C'est un Alex ventriloque, colérique et schizophrène, dont la passion de l'amour se mêle à la puissante beauté de sa haine.
C'est une histoire décomposée, parfois d'un noir et blanc magnifique, parfois très colorée. Du gris, du rouge, du bleu, une colorimétrie angoisse et fictionnelle mais qui toujours m'émeut.
Ce sont des scènes qui se répondent, s'entrechoquent et se mêlent, qui ne paraissent pas avoir de sens mais qui me font ressentir des choses, elles.
Ce sont des effets qui peuvent paraître gratuits aux premiers abords, mais qui délivrent un message de liberté et d'ivresse de la vie extrêmement fort. Des effets d'images, de collages, de sons et d'étalonnage, qui ne sont pas incohérents au film mais au contraire en transmettent la rage.
Bref, l'amour moderne c'est le sens de Mauvais Sang et sa fresque, l'axe de Carax dans cette histoire abracadabrantesque.
Mauvais Sang, c'est plutôt que d'écrire une critique un peu crème, l'envie irrésistible d'en faire un humble et maladroit mais non moins sincère poème.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Films vus en 2015 (annotés), Les plus belles ou puissantes fins cinématographiques, Coups de coeur esthétiques, La fuite en avant au cinéma, ce moment porteur de vie et Films avec des jeunes adultes
Créée
le 3 août 2015
Critique lue 805 fois
7 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur Mauvais sang
Après les promesses vibrantes de Boy meets girl, Leos Carax se lance à bride abattue en terre de cinéma. Mauvais sang est son manifeste, la bulle qui crève les années 80, qui plus est françaises,...
le 22 nov. 2016
48 j'aime
Samedi 6 avril 2013. 15h34. Le générique s'affiche, le son retombe. Alex a fermé les yeux pour toujours. Anna pleure et court, une empreinte de main rouge sur la joue droite. Cette main rouge que...
Par
le 7 avr. 2013
47 j'aime
8
Film noir et rouge, comète de Halley, virus qui tue les gens qui font l'amour sans amour. Coup de foudre d'un funambule pour une mystérieuse femme-enfant. Mi-polar, mi-poème d'amour, Mauvais sang est...
Par
le 25 oct. 2010
30 j'aime
8
Du même critique
Edit : publiée à l'origine en 2015, cette critique correspond à mon avis de l'époque c'est-à-dire à une note de 4/10. Je l'ai revu une seconde fois en 2020, et depuis ma note est passée à 7. Je...
Par
le 9 janv. 2016
129 j'aime
22
Mon amour du plan-séquence ne date pas d'hier. Souvent virtuose, toujours impressionnant, c'est parmi ce que je trouve de plus beau au cinéma, par sa technique démonstrative certes mais surtout pour...
Par
le 4 juil. 2015
79 j'aime
15
Dimanche dernier, la prestigieuse Palme d’Or du Festival de Cannes a été délivrée à The Square, du suédois Ruben Östlund. Un film adoré par les uns et conspué par les autres, comme rarement une Palme...
Par
le 30 mai 2017
64 j'aime
10