Après le succès public de « Nous trois ou rien » Kheiron nous revient avec ce « Mauvaises herbes » qui plaît et fait passer un bon moment malgré de (très) nombreux défauts. C’est le genre de film qui développe un énorme capital sympathie par les bonnes intentions de départ et les ondes positives qu’il dégage. Empli de sincérité et respectant son public, il fait passer un agréable moment de détente. Les dialogues et les situations vues à l’écran font souvent sourire mais on est surtout conquis par la bonne humeur générale dégagée par l’ensemble. Parfois même, on a le droit à des séquences très drôles comme celle de l’arnaque au sac à main dans les supermarchés ou encore celle du concours de danse complètement déjanté (d’ailleurs voir Catherine Deneuve ainsi fait plaisir et sa complicité avec Kheiron est contagieuse). Enfin, on ne s’ennuie pas une seule seconde, le long-métrage passant à une vitesse folle.
Mais il y a pas mal de problèmes qui empêchent « Mauvaises herbes » d’être le parfait feel-good movie espéré. Le long-métrage commence de manière très abrupte et la manière dont Waël se retrouve catapulté éducateur apparaît au choix, forcée, improbable ou tirée par les cheveux. Tout comme la love-story qui s’établit entre lui et la sœur de l’une des élèves qui s’approche plus de l’impossible que de la coïncidence. Quant au final qui se veut beau et poétique, il est à limite du ridicule tant il nous semble trop beau pour être vrai, même s’il faut avouer qu’il n’était pas loin de nous cueillir. Vous l’aurez compris, il faut laisser tout cynisme à l’entrée de la salle si l’on veut apprécier une œuvre qui tient plus du conte de fées que du film social et réaliste. De plus, le montage est parfois hasardeux, surtout quand il nous balance des scènes de l’enfance de Waël qui semblent hors propos. Mais le scénario réserve une belle surprise à la toute fin qui justifie la chose quand bien même on a l’impression qu’elle dénote pendant tout le film. Et la réalisation est très soignée, ce qui n’est pas forcément acquis dans ce type de production.
Notons quand même que pour des élèves en difficulté, ces six spécimens s’avèrent bien dociles et gentils mais surtout pas très fouillés, chacun répondant à une ou deux caractéristiques. Et le professeur ou éducateur face à des jeunes compliqués a déjà été vu tellement à l’écran qu’il semble délicat d’innover sur ce terrain. Les raccourcis et le côté manichéen vus dans « Mauvaises herbes » sont donc à la limite du tolérable mais passent tout de même comme par enchantement. Parce que Kheiron et sa petite troupe évitent le larmoyant et dégagent une énergie folle. Mais également par la magie qui s’installe lors de certaines séquences et grâce à quelques beaux moments d’émotion (les scènes à Paris sont excellentes et les tandems Dussollier/Deneuve et Kheiron/Deneuve touchent). En gros en ces temps sombres, c’est un film qui fait du bien et dont on pardonne facilement les nombreuses scories. Simpliste mais efficace.
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