Hitler, petit moustachu syphilitique.
Hitler avait le goût de l'art allemand, symbole selon son esprit malade de l'inventivité de tout bon peuple "aryen".
Ce film prend le parti de retracer les quelques années qui suivirent la première guerre, romançant quelque peu la réalité en laissant entendre qu'au cours de celles-ci, petit Adolf convaincu d'être un grand artiste, se cherchait encore.
Par l'intermédiaire de Max Rothman, paradoxalement bourgeois de mère juive, Hitler touchera du doigt l'un de ses rêves, quant au récit, il tentera le postulat : "Le monde aurait presque pu ne jamais connaître la folie du monstre".
Montrer le cheminement de la peinture à la conduite tragique de l'Allemagne, est en soit intéressant et aurait pu être extrèmement enrichissant si le sujet avait été traité en profondeur.
Mais force est de constater que les partitions justes s'avèrent moins flagrantes que les fausses.
Sur le fond, le récit commet plusieurs erreurs de taille qui lui fond prendre l'eau rapidement.
Hitler devient orphelin à 15 ans. Il quitte son piteux village natal pour Vienne en 1912 où il rencontre un échec cuisant, répété, au concours d'entrée aux Beaux-Arts, qu'il qualifiera dans ses "mémoires" de "première grande frustration". Pour un film qui aborde le côté artistique de l'homme, dommage que rien n'y face référence.
Confronté à la misère, à la "pestilence", c'est aussi déjà à ce moment que naissent ses premières idées antisémites.
Contrairement à ce que laisse entendre le métrage, l'Allemagne capitule alors qu'il est couché sur son lit d'hôpital militaire, encore aveuglé des gaz anglais suite à la bataille dans les Flandres.
Il écrira avoir pleuré, avoir vécu la défaite comme une profonde honte, et si ce sentiment est déclencheur de son engagement politique qui marque un tournant capital dans la construction de son fanatisme animal, il n'est pas suffisamment mis en perspective dans le film.
A cette même période, Hitler est diagnostiqué syphilitique, pas un mot non plus là dessus. Cette tare due pourtant affecter sa conception existencielle, explique sans doute son aversion profonde à l'égard des prostituées.
Mais le film marque transversalement quelques points dans sa quête historique. Il montre un personnage miséreux, chétif, en proie au doute, déprimé et instable, sensible comme il se qualifiait lui-même.
Sur la durée du film, trois discours propagandistes sont montrés. Si les deux premiers relèvent de l'absurde, le dernier en revanche reprend presque ligne par ligne un passage très précis de Mein Kampf, particulièrement abjecte.
Sur la forme, le spectateur subit quelques passages totalement inutiles qui cassent le rythme et empêtrent le film dans une lenteur parfois déconcertante.
La direction des acteurs peut sembler inexistante tant leur jeu peut être mauvais. Si le rôle principal est montré du doigt, John Cusack n'est cependant pas en reste. La faute à des dialogues superficiels, approximatifs, qui font insulte à un thème si grave.
- Max - est en définitive un film pudique qui laisse perplexe.
Comment se peut-il que l'équipe du film ait pu étayer son travail du plus sérieux support en la matière, et se prendre à tel point les pieds dans le tapis sur des détails presque basiques ou même insignifiants ?
Il y avait un gros potentiel, de quoi vulgariser les prémices de la période la plus terrifiante de notre histoire contemporaine.
C'est étrange, à l'image de la fin du film qui n'apporte aucune réponse.
Difficile à décrire, elle laisse le spectateur sur la réserve...et pour l'imager, c'est comme si je terminais ces quelques lignes comme ça
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J'en profite pour vous parler de deux bons livres :
http://www.senscritique.com/livre/Dans_le_jardin_de_la_bete/critique/28284437
et surtout : http://www.senscritique.com/livre/Les_mains_du_miracle/critique/27804484