Spike Jonze, à qui l'on doit l'inclassable Being John Malkovich et le génialissime Adaptations, a enfin réussi à réaliser un vieux rêve : adapter le célèbre conte pour enfants Where the wild things are de Maurice Sendak. Mais que ce fut laborieux.
Le tournage a démarré durant l'été 2006 afin que le film puisse sortir en mai 2008. Mais les studios après avoir reçu le premier cut de Spike Jonze ont failli tout jeter à la poubelle, exigeant de retourner le film quitte à perdre les 75 millions de dollars déjà investis. Apparemment, la version de Jonze n'avait rien du conte pour enfant auquel les studios s'attendaient et ils avaient peur que le film ne puisse être vu par un jeune public. Jonze les a convaincu de ne pas tout refaire et a perdu une année à retourner des scènes pour fournir un final cut digne d'une distribution.
Et le résultat est plutôt surprenant. Spike Jonze nous livre 20 premières minutes parfaites où en quelques plans, il nous peint le quotidien de Max, un jeune garçon visiblement ébranlé par l'absence d'un père qui est à l'origine du drame familiale qui se joue devant nous. La mise en scène est superbe et les acteurs excellents. Max Records, le jeune interprète de Max, est quasiment sur tous les plans du film et s'en sort brillamment.
Malheureusement, dès que Max se réfugie dans son monde imaginaire pour exalter ses passions, le film s'écroule. La rencontre avec ces Maximonstres, allégories caricaturales des Maxi-émotions de Max ou avatars des membres de sa vraie famille, tourne souvent au grotesque. Spike Jonze, incapable de trouver le bon ton, navigue entre film d'aventure, fantastique, psychologique ou même d'épouvante et finit par dérouter et ennuyer le spectateur, las de ces personnages et de leur symbolisme à deux balles. La scène où Carol, fâché, poursuit Max qui se réfugie dans le ventre de KW résume à elle seule comment Jonze abuse des grosses ficelles et des métaphores faciles dans la partie fantastique de son film.
Quant au dénouement, il est affligeant de simplisme. Max qui est montré comme un enfant avec des troubles du comportement qui ne sont pas anodins (il hurle sans cesse et mord sa mère avant de fuguer), finit par comprendre de lui-même le tort qu'il fait à sa famille en ne maîtrisant pas ses émotions et rentre chez lui, transformé par son aventure qui tait tout de même une forme de délire. Les pédopsychiatres apprécieront.
Au final, Max et les maximonstres déçoit. Il a beau révéler quelque talent dramatique chez Spike Jonze, il n'en reste pas moins une adaptation ratée qui aura de la peine à trouver son public. Trop niais et grotesque pour les adultes, parfois trop effrayant et inaccessible pour les enfants, on se demande pourquoi les studios ne sont pas restés sur leur première impression : on le jette et on recommence.