Qui aurait cru, il y a déjà deux ans, que X, petit succès horrifique de seconde zone, créerait une saga d'horreur déjà culte ? Ainsi s'achève donc la trilogie de Ti West centrée autour de l'actrice Mia Goth et inspirée par le cinéma de genre des années 70. MaXXXine était très attendu par les amateurs d'horreur, et moi-même j'avais envie de savoir comment se concluerait l'histoire de la survivante du massacre des deux vieux psychopathes texans.
Los Angeles, 1985. Dans une Amérique à la fois foisonnante et en crise, non loin d'Hollywood, vit Maxine Minx, actrice pornographique qui décide de passer sur le devant de la scène en participant à un casting pour un film d'horreur; tentant d'oublier le carnage auquel elle a survécu six ans plus tôt dans la campagne texanne. Alors qu'elle est choisit pour le rôle, un tueur en série rôde dans la ville, tuant des jeunes femmes et ayant notre héroïne dans sa ligne de mire.
Aaaaah l'Amérique des années 80 ! Qu'est-ce que c'était bien quand-même ! Les vidéo-clubs, les films d'horreur en studio, la panique morale sataniste, Ronald Reagan, que du plaisir ! Et il faut dire que Ti West arrive bien à retranscrire cette ambiance à la fois fantasmée mais aussi sarcastique du Los Angeles où la gloire rencontre la misère extrême. Une sorte de pied de nez à toutes les personnes qui fantasment sur des décénnies qu'ils n'ont pas connu.
Et en parlant de fantasme, le réal en propose aussi pour nous régaler à base de clichés et de références filmiques. Si X et Pearl étaient très inspirés par les slashers des années 70, MaXXXine se déroule dans la décénnie suivante, et s'inpire donc plus des slashers et films fantastiques qui ont fait la gloire des magasins de location de VHS. En fait, je trouve que c'est peut-être l'opus le plus accessible de la trilogie, avec ses couleurs criardes et son héroïne qui fait du féminisme à coup de broyage de couilles.
"Tradition et modernité" pourrait être le slogan officieux de cette saga, avec un réalisateur qui cherche à faire du old-school en y apportant la flamme moderne. Et c'est quelque chose que j'avais déjà remarqué dans les films précédents, mais West a un vrai talent en terme de mise en scène, avec des plans séquences et des split-screens très propres, et plein de choix artistiques prenants. C'est comme voir un bon vieux slasher mais en version ultra remasterisée, director's cut et tout le toutim, BREF, un film d'horreur au potentiel cinq étoiles qui cite ouvertement ses influences et se joue des clichés du genre.
Je ne suis pas un grand fan de Slasher. J'en ai vu pas mal mais je connais des gens qui adorent ce style de film plus que tout. Comme dit au début, j'avais surtout hâte de voir comment ce finirait cette ballade à travers les époques, par le biais d'une super actrice. Oui, Mia Goth joue bien, oui j'adore la bouille de Kevin Bacon en cosplay de Jack Nicholson dans Chinatown. Oui, j'avais envie de savoir comment ce terminerai ce thriller avec un grand méchant loup tout de cuir vêtu. Et alors ?
Baaah je suis un peu mitigé.
Le film se laisse regarder et il est prenant, mais sur la fin il se casse un peu la binette, je trouve. Le retournement de situation final est assez attendu, et dans le fond, le film n'est pas une révolution ou un coup de maître. C'est un divertissement réussi, mais de la même manière que ses mentors des années 80, il a un goût d'inachevé. À force de faire un peu trop de citations et de clins d'oeils, il refait les mêmes erreurs que X, en abusant de la carte du revival nostalgique plutôt que de se trouver une vraie identité. Il y a bien un message sur la célébrité et l'identité, thèmes obligés pour une histoire prenant place dans la ville où tout le monde peut devenir ce qu'il veut; mais j'avou être passé à côté du message. Non pas que j'étais pas concentré, mais que j'en avais un peu rien à foutre parce que c'est le même message depuis deux films, donc j'étais pas trop dépaysé thématiquement !
C'est pour ça que pour moi, le meilleur de la trilogie, c'est Pearl ! Je trouve que c'est celui qui a le plus de personnalité, avec la meilleure réalisation et une héroïne attachante. Les deux autres sont peut-être un peu trop...faciles ? Simples ? Oui, bon d'accord, je chipote !
Tous les films n'ont pas besoin d'être des révolutions philosophiques ou esthétiques, c'est vrai. Et il faut reconnaître que sans cette trilogie, ces trois dernières années auraient été des années de vache maigre en plus pour le cinéma d'horreur, à une époque où tous les films de genre sont surpolitisés ou reposants trop sur le marketing. Ouioui, c'est bien Longlegs et les films de chez Blumhouse que je pointe du doigt !
Ti West aura eu la décence de nous offrir des films fait avec une véritable passion pour le cinéma de genre, rafraîchissant l'horreur à l'ancienne pour les afficionados comme moi, et faisant découvrir tout un pan du cinéma à de nouveaux spectateurs.
MaXXXine est simple et relativement efficace. Bien filmé, avec une histoire pas folle, certes, mais de bons moments.