Pas encore le tube de l'été pour Mathieu Turi

Une jeune femme isolée, luttant tout autant pour sa survie dans un environnement dangereux que pour surmonter un traumatisme...
À peu de choses près, on pourrait accoler ce très succinct résumé aux deux longs-métrages de Mathieu Turi -"Hostile" et aujourd'hui "Méandre"- tant ils s'articulent autour d'une base similaire pour ensuite l'exploiter dans des contextes différents. Cette fois, l'héroïne n'est pas coincée dans une voiture accidentée au sein d'un futur post-apocalyptique mais dans une espèce de long parcours en tube, truffé de pièges plus mortels les uns que les autres et dont les fameux méandres vont évidemment représenter sa propre lutte intérieure face à une tragédie.


Le tube ne fait pas oublier le "Cube" et c'est bien tout le problème de "Méandre" qui, avec un tel pitch, se confronte inévitablement au modèle du genre réalisé par Vincenzo Natali. Les premiers instants de la progression de Lisa (Gaia Weiss) à l'intérieur de ce dédale longiligne vont bien entendu assurer quelques moments de tension et mettre à mal les nerfs des spectateurs les plus claustrophobes mais la prévisibilité des épreuves traversées, faisant invariablement intervenir la dangerosité d'un élément basique, et les motivations psychologiques rudimentaires de cette héroïne vont avoir beaucoup de mal à faire croire que "Méandre" a la capacité de s'extirper un tant soit peu de l'ombre imposante de "Cube".
À vrai dire, il faut bien le reconnaître, le film de Mathieu Turi n'y parviendra jamais, ses faiblesses scénaristiques et la redite de certains passages obligés (en beaucoup moins malins) propres à ce cadre labyrinthique ne pourront que l'inscrire dans le lointain sillage de cette référence de 1999 sans jamais égaler le choc qu'elle a pu représenter à l'époque.
Heureusement, "Méandre" aura pour lui son découpage astucieux en trois actes (sur les trois demi-heures de sa durée) où une nouvelle dynamique interviendra à chaque fois pour bouleverser les contours d'un déroulement préférant clairement l'efficacité brute à l'originalité. Ainsi, si la première partie très classique de "Méandre" lèvera in fine le voile sur une partie du mystère entourant le tube (hélas par l'entremise d'un trompe-l'œil maladroit dès le départ), elle aura également le mérite de bousculer notre perception vis-à-vis de cet environnement désormais ouvert à un champ du possible bien plus attrayant, le suspense autour de la survie de l'héroïne en sera d'ailleurs décupler même si l'inconnu convoqué sera plus apte à servir le combat et la thérapie métaphorique en train de se jouer qu'à asseoir sa propre crédibilité. Il en sera de même de la nouvelle force de volonté gagnée par Lisa à la fin du deuxième acte, elle parviendra à bousculer les rapports de force entre elle et les épreuves du tube (cruelles jusqu'au bout) pour à la fois augmenter l'acharnement de sa lutte et la conduire à son inévitable prise de conscience sur la douleur qui l'anime.
Bon, comme tout le reste, la dernière étape du périple de Lisa ne sera pas forcément synonyme de la plus grande subtilité ou de l'inattendu le plus renversant mais elle aura le mérite de conclure logiquement ce parcours à la symbolique finalement très carrée et à l'exécution plutôt correcte pour nous en faire ressentir toute la dangerosité.


Par rapport à "Hostile", Mathieu Turi augmente donc d'un cran les espoirs que l'on fonde en lui pour s'imposer dans le cinéma de genre français mais "Méandre" n'est pas encore l'oeuvre marquante qui réussira à le rendre définitivement incontournable.

RedArrow
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le 29 juin 2021

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