Quoi qu’en disent certains, la France a toujours été l’un des pays – avec bien évidemment les Etats-Unis, mais aussi par exemple l’Espagne avec des films récents comme La Plateforme – phares en ce qui concerne la production de films de genre. Cocorico.
Méandre est le second long métrage réalisé par Mathieu Turi, après plusieurs courts métrages et son premier long, Hostile, sorti en 2018, déjà un film de genre, sur une humanité post-apo menacée la nuit par d’étranges créatures. Le film vient d’être présenté au BIFFF (Festival international du film fantastique de Bruxelles, le plus grand festival de genre dans le monde) et sortira – si tout va bien, mais ça c’est une autre affaire – en mai au cinéma. Et pas sur plateforme, pour une fois.
Il s’agit ici d’un film à concept, et le premier mot qui me vient à l’esprit pour le désigner est « pauvre ». Pauvre à la fois dans la mise-en-scène (malgré un peu d’effets spéciaux vers le final, on sent d’emblée le film fauché) et dans le scénario, qui semble à première vue verser dans une paresse d’écriture.
En quelques mots, il s’agit d’une jeune blonde française – à qui on a donné un semblant de caractérisation en la faisant mère ayant perdu son enfant en bas âge – perdue au bord d’une route, dans ce qui semble être l'Amérique industrielle profonde. Vient une voiture, qui s’arrête et lui propose de la raccompagner. Le piège classique du dangereux psychopathe.
Mais très rapidement après cette piètre scène d’introduction, on entre dans le vif du sujet. Nous retrouvons notre jeune femme, vêtue d’une combinaison moulante et saillante, qui se réveille bloquée dans ce qui ressemble à un conduit d’aération, avec à son poignet un minuteur qui décompte le temps, et devant elle tout plein de pièges mortels. La voilà forcée d’avancer pour espérer trouver la sortie (et garder la vie sauve).
Impossible de ne pas définir Méandre au regard des autres films de genre dont il s’inspire.
Les plus évidents sont sans aucun doute Saw, pour son côté vilain jeu mortel laissant toujours un espoir de survit à la personne piégée, et Cube, où sept inconnus sont placés dans un labyrinthe piégé avec comme seul moyen de s’en sortir l’entraide.
Mais durant le visionnage de Méandre, je n’ai également pu m’empêcher de penser très fort à des films comme Buried – notamment dans la manière de filmer les espaces exigus de la bouche d’aération –, Tomb Raider pour l’aspect pièges successifs sortant des murs obligeant la vaillante héroïne à toujours redoubler de prudence, et des films comme Alien et Sans un bruit (mais nous n’en dirons pas plus là-dessus).
Fort heureusement, deux choses viennent sauver le film.
Tout d’abord l’interprétation de Gaia Weiss (qui n’a jusque-là pas franchement brillée au cinéma, citons tout de même un rôle principal dans La Légende d'Hercule en 2014 et un rôle secondaire dans Les Profs 2 l’année suivante) : celle-ci arrive plutôt bien à jouer la petite palette de sentiments que son personnage traverse.
D’autre part, Méandre ne se laisse pas enfermer par son concept mais arrive finalement à s’en affranchir. J’ai eu très peur au départ, voyant la typologie des pièges du tunnel, tous liés aux éléments : la terre à travers les débouchés qui rétrécissent, le feu, l’eau, l’air et le monde des esprits et des visions. Cependant, et bien que cela soit fait avec quelques maladresses, le scénario réussit à se libérer de ce carcan du concept. Ouf.
Au final, Méandre est loin d’être un bon film ou de révolutionner le genre, mais c’est un long métrage fun et gentiment gore, un petit plaisir coupable, assez satisfaisant.