Tchèque... et mat
Cette partie fielleuse entre rois dans l’Europe du XIVe siècle — prière de prononcer « Croix Bâton Vé Eu » comme tout individu scolarisé depuis Mitterrand II — avait a priori tout du plaisir...
le 8 févr. 2023
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Cette partie fielleuse entre rois dans l’Europe du XIVe siècle — prière de prononcer « Croix Bâton Vé Eu » comme tout individu scolarisé depuis Mitterrand II — avait a priori tout du plaisir cinématographique (Ben Foster et Michael Caine sont au générique, ainsi que Karel Roden [l’excellent psychopathe de 15 minutes]), mais le réalisateur n’a malheureusement pas les moyens de ses ambitions...
... ou du moins ne connaît-il que trop ses classiques récents, les recettes du jour, le film à la sauce américaine…
Si la rapsodie est une « couture de chants », et bien Medieval est un rapiéçage (tchèque) de la plus belle étoffe — l’étoffe des zéros, me glisse dans la portugaise un petit Arnaud F. rouge-sang perché sur mon épaule.
Un assemblage de scènes, de plans, d’effets, de moments, de dialogues, de sons, de… vus (et entendus) des milliers de fois.
Mon dieu… ce pandémique hululement féminin orientaloïde censé tour à tour exprimer le mysticisme ou l’angoisse. Et Foster qui nous dévale des grimpettes hostiles à deux reprises, comme dans Lone Survivor
L’intrigue politico-religieuse est pénible (en tout cas pour le béotien que je suis), redondante, sans jamais impulser un sursaut, un rebond. On s’enlise pendant 120 minutes et, assez rapidement, on s’ennuie ferme ; d’autant plus que les scènes d’action puent le chewing-gum hollywoodien mâché-remâché…
Du déjà-vu à la pelle… que dis-je… au camion-benne (Foster)…
Les multiples références à dieu (et à ses prétendus desseins) relèvent bien plus du saupoudrage fallacieux que de la réflexion ; quant au fil rouge (unification de l’Europe et de l’Église)…
L’intention a beau être là, les plans être variés (parfois bien seyants d’ailleurs), les acteurs plutôt bons, … le manque général d’inspiration, d’ampleur, de souffle, de conviction et de personnalité étouffe tout le projet. On suffoque même au cours de ce récit qui se veut pourtant épique. L’accumulation de poncifs anesthésie toute velléité d’implication, tant l’ensemble est convenu, rabâché et pour tout dire : sans intérêt.
Sauf si vous désirez savoir à quoi peut servir une poignée d’asticots ou ce que ça fait de se prendre un carreau d’arbalète dans le moulin…
Medieval trouvera toutefois un (très) large public.
Dans cette époque soumise à l’automatisme, l’incuriosité et la trouille, le cuit et le recuit délectent bien des papilles…
D’autant que le néo-humain aura ici sa dose de lacérations en gros plans, de démembrements, d’empalements, de visages broyés, de crânes fracassés, etc. : moments zombies pour zombies.
"Dedicated to all those who fight for freedom."
Dans le genre archi-formaté et « marketé » pour Festivus Festivus, c’est assurément 10/10.
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le 8 févr. 2023
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