Je sors de la séance de Megalopolis dans un état de perplexité. Ai-je assisté au visionnage d’un chef d’œuvre cinématographique ou à la trajectoire d’un ballon de baudruche percé sillonnant chaotiquement les airs. Il faudra certainement que je le revoie une deuxième fois pour me faire un avis. En attendant, je partage simplement des impressions à chaud.
Megalopolis est un film qui tient à cœur Coppola. Il a mûri ce projet durant plusieurs années et au résultat peu banal on perçoit combien il a investi ce film très personnel. Du point de vue formel, c’est abouti, le film est soigné et nous captive par ses images baroques qui ont comme un petit goût de Baz Luhrmann. et par son rythme effréné qui nous laisse rarement respirer. Coppola nous entraîne dans un univers fait de démesure, de frénésie, voire d’hystérie où les homme s’étourdissent pour oublier les autres extérieurs à leur monde, les questions de l’existence et la peur de l’avenir. New Rome, ville dans laquelle se déroule l'intrigue, est la Rome des temps modernes, au sommet de sa décadence.
Au milieu de ce monde émerge un homme atypique, Cesar Catilina, interprété par Adam Driver, un acteur à la sensibilité aiguisée. Cet homme est inclassable : c’est un intellectuel, un poète, un artiste, un architecte, un rêveur. Un homme dont la puissance imaginative est capable de suspendre le temps et d’imaginer un futur où ne dominera plus le ciment et le béton rassurants, mais un monde à la mesure de l’homme, de ses rêves, de ses besoins. Un monde fondé sur la bienveillance et l’amour. Cet homme s’il est doté de nombreux talents, a aussi trempé ses dons dans le bain de la souffrance, se rendant responsable de la mort de la femme qu’il aimait et vivant dans son souvenir qui le hante. C’est une autre femme qui va le délivrer et le remettre dans le courant de la vie.
Face à lui, il y a le monde de la finance, du pouvoir, du contrôle, de la domination. Deux mondes qui ne peuvent que s’affronter violemment. Aubrey Plaza se distingue particulièrement dans son personnage de femme vénale mais aussi d’amoureuse éconduite.
Megalopolis est un film d’une grande richesse visuelle et thématique. Pourtant, il me reste un goût d’inachevé. Tous les ingrédients sont là, mais la mayonnaise du scénario a mal pris ou alors je n’étais pas prête à le recevoir. L'histoire peine à démarrer et elle n'est jamais véritablement construite. Si on comprend bien le message final, et si on ne peut que y adhérer, il reste que cela nous a été mal raconté.
Ce film reste malgré tout un bon moment cinématographique, délivrant un message d’espoir avec des acteurs impliqués.
La bienveillance, l’enthousiasme et la reconnaissance, c’est ainsi que je vois la futur… (Coppola)