"Pièce maîtresse du Nouvel Hollywood, Francis Ford Coppola s’est forgé une notoriété similaire aux parrains de sa célèbre trilogie. 45 ans après le sacre d’Apocalypse Now sur la Croisette, au terme du deuxième jour de la compétition, le cinéaste italien redécore la cité New-yorkaise afin d’y établir une dystopie hallucinée et hallucinante, Megalopolis. Le visage de l’Amérique aura rarement été détourné avec une telle complexité que ses ambitions finissent par trahir la pertinence du fourre-tout thématique qu’il nous donne à ingérer."
"Si toute l’intrigue semble destinée à une vision un peu décalée et décalquée sur la société romaine, l’emballage constitue le centre de tous les débats. Coppola ne renonce pas non plus à l’atmosphère des années 60 pour investir le genre du polar par endroits. Cependant, lorsqu’il transpose la psychose de ses personnages, qu’il décline par bien des effets de style, il surcharge l’écran et rend son immersion sensorielle indigeste. De même, les voix off se multiplient sans que l’on ait un point d’ancrage précis. Nous naviguons à vue dans ce mauvais rêve, où l’absurdité domine, jusqu’à ce que l’on franchisse littéralement le quatrième mur pour compenser le manque d’interactivité avec cette œuvre, difforme et chimérique. Twixt (2011) contenait déjà les prémices de son lâcher-prise et de son envie de conjuguer la poésie visuelle à ses fables sur une humanité qui chute avec ses valeurs, mais force est de constater que la magie ne prend pas et que la tension n’y est plus."
"Finalement, qu’il s’agisse de César l’architecte du futur ou de Coppola, le film retombe sur ses pattes après avoir défié les lois de la gravité. Chacun ne peut vivre que dans ses rêves, effaçant ainsi la réalité au profit de l’utopie. En témoigne la dernière séquence, qui constitue à la fois une lettre ouverte et une mise en garde consacrée à l’espoir. L’avenir, c’est le mouvement. C’est le propre de l’évolution humaine, bien que le concept de création soit indissociable de la destruction et de la transgression."
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