Dans une fresque rétrofuturiste, Coppola devient l’architecte d’un monde utopique. Magie du cinéma où se suspend le temps sur un rêve démesuré.
Si le film n’est pas parfait, il m’a laissée sur une bonne surprise. Dans la démesure, l’outrance parfois, cette fable rétrofuturiste et mythologique est emplie d’un imaginaire foisonnant. Spectaculaire sur le plan formel, narratif et visuel, il se montre intrigant dans ses audaces mais offre une réflexion sur la société, le pouvoir, la politique, la création et le rêve d’un monde meilleur. On retrouve quelque chose du film « l’homme sans âge » où le personnage principal, un linguiste rajeuni et avec des dons surhumains après avoir été frappé par la foudre retient le temps pour tenter de lutter contre la perte et la mort. Dans Megalopolis, le flux du temps ne chemine pas toujours de l’avant vers l’après. Coppola met en scène une temporalité démembrée, un effet de décalage temporel où différentes époques se mêlent et se juxtaposent, faisant ainsi cohabiter passer, présent et futur. Utopie, uchronie et dystopie apocalyptique se côtoient dans une fresque cinématographique hallucinante, pleine d’autodérision. Dans l'après coup, des images me reviennent et me séduisent par leur audace visuelle je pense au hasard à une scène magnifique: Adam Driver (Cesar Catilina) et Nathalie Emmanuel ( Julia Cicero) assis sur les poutres d'un building en construction au-dessus du vide. Sans doute parce que c’est son dernier film (apparemment) et qu’il y met tout ce qu’il n’a pas pu mettre dans ses autres œuvres. la vision de Coppola m’a émue. Elle ouvre sur le rêve qu’offre le cinéma : l’art qui met en tension la réalité.