Vu le film hier en avant-première, en présence du maestro Coppola.
Je vais pas y aller par quatre chemins, c’est très décevant, en tout cas pour moi qui tiens le Francis en si haute estime – ses trois Parrains (oui les trois) figurant sans forcer dans mon panthéon perso. Films avec lesquels ce Megalopolis n’a bien sûr rien à voir, et je le rapprocherais à la limite plus volontiers de son Dracula, pour sa démesure esthétique assez folle : le film est en effet un kaléidoscope d’images/effets/inspirations assez dément, et oui c’est parfois laid et/ou au rendu assez cheap, mais peu importe en réalité, le tout étant assez homogène et cohérent dans son délire (que j’approuve globalement)… Non, le problème, c’est surtout que c’est très faible dans son écriture, sa mise en scène et sa direction d’acteurs, Coppola n’étant à l’évidence plus en pleine possession de ses moyens (normal, à 85 piges, me direz-vous – mais certains de ses confrères de la même génération en ayant encore sous le capot eux, on pouvait raisonnablement y croire).
L’intrigue et les enjeux – pourtant simples – sont confusément exposés, et si j’adhère volontiers au discours résolument optimiste/humaniste, sa naïveté échoue à être touchante (à l’exception de son plan final, qui, pour le coup est amusant et attendrissant). Là-dessus, c’est de toute façon un film en décalage évident avec le cynisme de l’époque et d’une partie du public (qui se foutait allègrement de la gueule du film pendant la séance, ce qui sincèrement était assez douloureux pour moi qui encaissais déjà la déception), et il faut avouer que certaines répliques tendent vraiment le bâton (genre le coup du bébé qui s’appellera Francis si c’est un garçon, c’est le genre de blague méta nulle qui aurait dû sauter au plus tard sur la table de montage).
Alors est-ce que les décennies le réhabiliteront, je sais pas… on verra… Mais je resterai prudent pour ma part et ne jouerai clairement pas la partition du chef-d’œuvre incompris. On est plutôt à mes yeux sur une catastrophe flamboyante, que je n’arrive honnêtement pas à détester, pour plusieurs raisons (sa liberté/folie donc, son mauvais goût parfois, et sa BO, pas dégueu pour le coup) ; mais je mentirais en disant que j’ai trouvé ça bien. Je suis content pour Coppola qu’il soit arrivé à mener ce projet à son terme, et dans une totale liberté artistique, mais ça n’aurait pas été se trahir il me semble que de s’attacher a minima les services de scénaristes/dialoguistes compétents pour l’épauler dans ce projet mastodonte.
Encore besoin de laisser décanter je pense, mais j’en sors amer en tout cas.
Et en même temps, j’y repense depuis hier, certaines images sont folles.