Je suis franchement très agréablement surpris par ce film car, non seulement, à l'instar de beaucoup de spectateurs, je m'attendais à voir une purge (notamment suite aux retours catastrophiques d'une partie de Cannes) et puis car je ne suis tout simplement pas fan de Francis Ford Coppola. En effet hormis "Apocalypse Now", le reste de sa filmographie, enfin du moins la partie que j'ai pu voir, m'ennuie beaucoup, et donc j'avais forcément un peu peur de m'ennuyer là aussi, surtout que ça avait l'air pas mal expérimental. Et pour être expérimental, ça l'est !
Mais c'est justement ce qui m'a beaucoup plu, cette impression d'être dans un trip sous acide pendant plus de deux heures, dans un univers tout aussi riche que foutraque ! Et ce n'est pas par snobisme cinéphilique que je dis avoir apprécié le film, je l'ai réellement apprécié à sa juste valeur, c'est-à-dire, encore une fois, quelque-chose de bordélique mais bourré d'idées ; idées qui sortent dans tous les sens sans réelle organisation.
En fait, le film m'a beaucoup fait penser au travail de Richard Kelly et notamment du film qui lui a malheureusement couté sa carrière, le tout aussi génial qu'impréhensible "Southland Tales". En plus de l’univers bordélique, on y retrouve cette volonté de vouloir faire une grande fresque sur de nombreux personnages, beaucoup trop important pour être traitée en seulement deux heures (même si celui de Kelly en fait quarante minutes de plus), d'autant plus lorsqu'ils évoluent dans un univers aussi complexe.
Alors effectivement, je reconnais que le film est bourrin dans son propos, notamment sur le côté manichéen de son univers et des nombreux sous-textes sur la société américaine, l'opposition entre la folie créative et les restrictions des plus riches (sûrement ce que le réalisateur a vécu avec ce film d'ailleurs) mais, paradoxalement, il est, encore une fois, très riche ! Je pense que le film est d'ailleurs à voir plusieurs fois car malgré le peu de subtilité dont il peut faire preuve, nous avons de nombreuses sous-intrigues qui s’entremêlent et dont on ne comprend pas toujours tout.
En fait, nous avons, à l'instar de "Southland Tales" (qui avait d’ailleurs reçu le même accueil à Cannes), un film qui sort complètement des sentiers battus et dont le réalisateur fait en réalité ce qu'il veut avec son univers et sa caméra. C'est ainsi que nous avons des scènes qui peuvent nous sortir complètement du truc ou des sous-intrigues qui ne vont jamais vraiment jusqu'au bout.
C'est sans parler de la mise en scène, particulièrement inventive, ou des effets spéciaux volontairement kitsch agressant presque le spectateur qui viennent habiller ce scénario qui ne semble jamais trop savoir où aller.
Le casting est également très bon, nous avons quelques choix un peu incongrus ou du moins surprenants mais qui sont les bienvenus (petite mention spéciale à Aubrey Plaza et Shia LaBeouf qui sont excellents) !
Voilà, c'est ce que j'apprécie dans "Megalopolis", cette impression de film brouillon que l'on n'a pas besoin de complètement comprendre pour apprécier ; il suffit juste de se laisser porter par le délire.