Francis Ford Coppola, nowhere boy né à Détroit avec des rêves de conquête hollywoodienne. Il connaît un début de carrière bordélique placé sous l’égide du grand, GRAND Roger Corman, oublié aux profits de producteurs plus légitimes comme… Harvey Weinstein? mais aussi en participant au scénario de Paris Brule-t’il? du grand, GRAND René Clément oublié parce que “trop classique” pour les jeunots de la nouvelle vague, avant de lancer la carrière cinématographique de la grande, GRANDE Petula Clark dans une comédie musicale, genre désuet alors que le cinéma espère déjà le nouvel Hollywood. Tout ça pour dire que bien que figure de proue du nouvel hollywood, le cinéma de Coppola s'ancre dans un continuum classique contrairement à un Arthur Penn… radical, ou à Spielberg qui va inventer le divertissement moderne. Mais la nuit n’est pas prête d’en finir pour le jeune Coppola qui alternera entre immense succès et échecs monumentaux, sa boite de prod avec Georges Lucas est sur la paille dès leur premiers films, ce qui force Coppola à réaliser le premier parrain et bingo. Il achète dans la foulée un magazine, qui coule. Il bat des records en remportant moult prix jusqu’à Conversation Secrète, sa première palme. Et puis il s’embrouille avec Lucas pour Apocalypse Now, sa deuxième palme et LE FILM maniaque de coppola. Les kilomètres de pellicules s’accumulent alors qu’il sombre dans la drogue, la folie, la mégalomanie, les dépenses compulsives, la paranoïa bref il vit son film quoi jusqu’à frôler la mort et rentrer avec 250h de film à monter. La boîte de prod montée avec Lucas continue d'osciller entre succès et échecs, et Coppola passe les années 80 surendetté à faire des films de commandes qui parfois rapportent un peu d’argent mais jamais assez pour ses ambitions démiurgiques. En 1992, il sort un peu la tête de l’eau avec Dracula, premier vrai succès critique et commercial depuis….. Apocalypse now genre! et puis voilà. Il réalise peu et surtout des films sans succès, se concentre sur la production des films de ses enfants jusqu’au trés, trés attendu Megalopolis.
En fait, Coppola est l’illustration du réalisateur tyrannique, fan de Napoléon, il se rapproche finalement plus du citoyen Kane d’Orson Welles, un américain individualiste, méritocrate atteint par la folie des grandeurs et détenant un certain pouvoir sur un certain monde. Dans les années 80, probablement pas tout à fait revenu de sa crise maniaque Apocalypse now et en pleine banqueroute, né l’idée de Megalopolis. Megalopolis devient vite le projet de la vie de Coppola. Quand il tourne des films de commandes, c’est pour éponger ses dettes et qui sait, peut être économiser un peu pour Megapolis. Il en parle à tout le monde, filme des heures de plans de New York, bientôt rendu caduc par …. le 11 septembre. Le projet est en réalité titanesque, du genre de ceux qu’Hollywood n’a jamais osé rêver, du genre du Dune de Jodorowsky, du Don Quichotte d’Orson Welles, et il rejoint donc la liste des projets cinématographiques d’envergures qui fertilisent les imaginaires sans avoir jamais existé ou plutôt justement parce qu’ils n’ont jamais existé et qu’il n’ont donc jamais pu décevoir. Megalopolis doit être un péplum moderne dans un New york d’inspiration romaine questionnant le rapport à l’utopie, à la ville comme expression de celle-ci sur fond de crise politique et civilisationesque. D’où le problème du 11 septembre. Le film en bon film post moderne devait rendre hommage à metropolis, au cinéma des premiers temps et aux city symphonies, genre à part entière du cinéma documentaire muet destiné à célébrer la vie en ville et l’idée de progrès tout en étant un thriller politique, sur fond de romance, salade tomate oignon et cerise sur le kebab. A priori tout pouvait bien se passer d’autant que certains projets hyper attendus avaient fini par se réaliser, le lost in la mancha de Terry Gilliam qui était… avec Adam Driver, et oubliable mais pas catastrophique, ou l’incroyable saison 3 de Twin Peaks de David Lynch. D’autant que le temps passant, ce film aurait pu porter en lui une charge critique hyper efficace sur les dérives du pouvoir, la modernité, le fascisme, l’impuissance démiurgique à façonner le monde, ce que faisait déjà metropolis enfaite mais pourquoi pas! Après tout, 42 ans de réflexion pour un gars qui a commencé par le scénario.Ou peut-être même permettre à une idéologie nouvelle d’advenir dans un monde en quête de sens et d’avenir, POURQUOI PAS! En fait le film pouvait être tout ce qu’il voulait être, en fait tout sauf ça…
Bon alors megalopolis c’est new york, c’est adam driver qui est un architecte qui défie les institutions grâce aux pouvoir des fleurs, c’est le maire qui veut pas du pouvoir des fleurs parce que le monde est ce qu’il est et qu’on ne peut pa s'affranchir des règles du réel donc ça sert à rien de les changer mais eh! pas de bol pour le maire parce que l’architecte vient juste de trouver un nouveau composant qui modifie les règles du réel et ouvre “””des perspectives””” nouvelles donc 10000 points pour l’architecte au cœur brisé qui se soigne grâce au pouvoir de l’amour de personnage fonction feminin n°1. Malgrés la jalousie de personnage fonction féminin n°2, le complot finement mené de basic nazi qui slut shame au passage personnage fontion féminin n°3 ce qui suffit à declencher une vaste crise politique, l’architecte réalise son rêve et est élu sauveur jean christ vandamne par la population du monde libre et démocratique. 42 ans. Alors… ben deja, est ce que megalopolis existe vraiment sachant qu’une directors cut de 4h est sensé voir le jour peut être donc le film n’est pas tout à fait le film qu’on devrait finir par avoir ce qui joue forcément un rôle dans le côté pudding informe du film. Un copain m’a dit c’est marrant au début je pensais que le montage était une référence à Eisenstein ce qui aurait pas été con sachant que bâtir un monde meilleur, la révolution… voilà quoi! mais enfaite non c’est juste parce que le montage essaie de dire trop de choses pour un film de 2h parce qu’un film de 4h c’est dur à distribuer donc il vaut mieux sortir un film indigeste. Alors il parrait que le cinéma est en crise et que plus personne n’y va donc il faut des gros films fais par des gens qui captent plus rien au monde pour ramener du publique qui, ne se ramène pas tant, parce que ce n’est pas intéressant mais au moins ça démontre la superbe boucle à l’oeuvre puisque coppola finit sa carrière là où il l’avait commencé, dans un hollywood en crise de représentation qui attend désespérément le prochain nouvel hollywood, snif. Cela dit, même si les 4h rendront le film meilleur, ça n’en fera jamais un bon film parce que WESH? apporter un peu de profondeur à tous les problèmes qui se posent n’arrangera pas les problèmes et notamment le problème de la vision politique à l'œuvre. Gros doss qui était un peu prévisible enfaite vue l’amitié de longue date entre lucas et coppola. L’intrigue politique de megalopolis ressemble vachement à celle de star wars 1, 2, 3 si vous êtes la team “non mais c’est des chefs d'oeuvre incompris c’est parce qu'en faite, c’est politkch”, vous avez probablement eu le film que vous méritiez. Le monde a t’il vraiment besoin d’un énième sauveur blanc entrepreneur disruptif qui sous couvert d’une idéologie bien intentionnée vient enfaite légitimer une prise de pouvoir fascistoïde grace à la supériorité d’un nouveau materiau enclenchant une nouvelle phase de progrés? En ce moment? (été Macron dissolution+kanaky+martinique+élections américaines+trump+musk+fin du monde), et ben pas tant… alors c’est marrant parce que dans l’Empire romain, un nouveau matériau protéiforme très vite utilisé dans l'alimentation ou l’industrie a été découvert, ça s’appelle le plomb, et c’est une cause probable de l’effondrement de l’empire romain puisqu’une large partie de la population s’est intoxiqué voila voila!!! donc Coppola nous ressert la même soupe que celle à laquelle on a droit depuis, l’Empire romain et saupoudre le tout d'une grande mièvrerie qui pourrait être rafraîchissante dans le climat actuel si elle n’était pas mise au service de l’entreprenariat. Ce film, qui ne bâtit en réalité rien de plus que … le capitalisme… qui existe déjà du coup… et qui n’est pas très utopique… est finalement ce qui se rapproche le plus du barbenheimer de l’été 2023. Mièvrerie, libéralisation des questions sociales, invention de l’eau chaude et pouvoir de la science, dilemmes moraux et Etats Unis d'Amérique ow yeah!
Des vieux réalisateurs qui nous racontent leur vie, ont commencé à être habitués. Y avait eu EO de Skolimowski tellement misanthrope, genre papi daniel vient râler puis Miyazaki s’y est mit avec le garçon et le héron, plus en mode, rien de ce que j’ai fait n’a comblé le vide existentiel et me voila seul en haut de mon incommensurable héritage, un peu Cameron avec avatar 2 qui réinventait littéralement l’eau! et maintenant Coppola, bonjour, qui nous offre sa vision boomer du monde, façon Goldman aux restos du coeur, bougez vous les djeuns tout ça tout ça. Si on ajoute que Jérôme Seydoux patron de pathé croit qu’il va sauver le cinéma avec le soutiens de Bolloré et maintenant de Bernard Arnault puisque Saint Laurent vient de lancer sa maison de prod; et ben ça fait beaucoup de vieux monsieurs dépassé qui ne semble plus tant avoir envie de faire partie du monde alors, messieurs, si vous ne vous intéressez plus à tout ça, sachez que nous serions tous ravi d’avoir 120 million de dollars pour en faire partie à votre place!