MEGALOPOLIS Francis Ford Coppola (2024)
Le film a été présenté à Cannes, le deuxième jour du festival, juste après le film Furiosa. De très nombreux journalistes n'étaient pas encore arrivés. Ceux qui étaient là étaient encore en quête de leur accréditation et à la recherche des invitations pour les premières soirées privées. Le film a été démonté par les quelques happy fews présents dans la grande salle. J'attendais depuis le mois de mai la sortie de cette œuvre ultime du maître pour juger. Difficile de retrouver dans cette œuvre visionnaire la patte et le génie du réalisateur du Parrain et d'Apocalypse Now. Megalopolis est une création imaginaire entre film de Science-fiction et scénographie avant-gardiste d'art et d'essai. Le scénario a été écrit il y a 40 ans. Pendant ces 4 décennies le producteur a cherché le financement pour en faire une œuvre ambitieuse. Au point d'en avoir oublié l'essence même qui a animé le quadragénaire. Dans ce film il y a tout. Des images somptueuses,des visions amoureuses de la ville de New York, un casting incroyable, une mise en scène proche d'une pièce de théâtre, des scènes d'amour, de sexe, des trahisons et des vengeances.Il y a tellement de messages embrouillés que le film finit par tourner à vide. New York est assimilé à une Rome moderne. Les personnages sont des alter-egos de personnages romains avec des citations en référence à Shakespeare.
Une voix off interroge sur le sens de la vie et la
fuite du temps. Le film est inspirant. Tout ce que les critiques festivaliers détestent. Its aiment les comédies romantiques qui finissent mal et les dramaturgies dont ils vont pouvoir parler lors des after parties.
On est là sur une œuvre crépusculaire. Le temps s'écoule pour tout le monde. Coppola vent transmettre ce que la vie lui a appris. Dans Megalopolis, il n'y a pas de heros et pas de méchant. L'erreur est de ne pas avoir développé une scène d'exposition pour définir les enjeux.Adam Driver se lance dans de grandes scènes sans doute exagérées. La blonde Wow Platinum est sexy en diable en maîtresse délaissée, épouse castratrice, business woman tentatrice. Les acteurs sont bons mais jouent sans conviction. Attendre 40 ans pour tourner c'est fournir un film réchauffé.
La première scène donne le ton. On ne se sent pas concerné par l'avenir de ce personnage dont on ne sait rien. L'intérêt va venir avec les premières filles en discothèque dont Nathalie Emmanuel puis Audrey Plaza, la fameuse Wow Platinium.
Tous les acteurs sont justes, de Dustin Hoffman a Jon Voight ou Laurence Fishburne. On a du mal à retrouver l'acteur de Matrix dans ce rôle de majordome. Shia LaBeouf en fait trop, avec plusieurs prestations mais rien qui restera vraiment dans sa filmographie déjà riche. Les scènes de New York du futur sont belles mais, en 40 ans, le producteur a accumulé tellement d'images qu'elle sont présentées en split-screen de façon trop rapide. Pour ne froisser personne. Lorsque j'avais interviewé Francis Ford Coppola pour la sortie du film de son fils Roman, il avait évoqué ses goûts musicaux pour Grateful Dead et les Beatles. Là, curieusement on ne retient pas vraiment de score musical. Megalopolis est une suite d'images sublimes, de scènes oniriques - alcool & drogues font un sacré mélange d'hommages à la ville et au Chrysler Building sans queue ni tête. Deux heures c'est peut-être trop court par rapport à tout ce que le réalisateur avait à nous dire. Peut-être tombera-t-on, un jour, sur les scènes préparatoires tournées il y a 40, voire 30 ans, quand le producteur avait toute la niaque. À moins que se faire aider par son fils Roman, réalisateur de la 2ème équipe - ait atténué le message fort de son père sur la décadence de la civilisation américaine.