Alors "Megalopolis" de Coppola c'est effectivement une claque dans la tronche, mais dans l'autre sens ; une fois l'écran de titre magnifiquement stylisé en lettrine romaine disparaît - rappelant celui de "Dracula" de 1992 au passage -, on se prend tous les poncifs poussifs du film qui veut se la raconter en mode tirade pompeuse et cryptique. C’est d’autant plus lourdingue que la narration se fait par le biais d’une voix off soporifique et agaçante. Un charabia indigeste nous est ainsi, et pendant 2h20, gerbé à notre visage.
Le film est une succession de séquences qui défilent presque sans queue ni tête. Une suite de gimmicks assez grotesques, qui renvoient sans aucune subtilité à la Rome Antique, singeant ainsi au passage cette lointaine époque en la calquant par-dessus une City vraisemblablement futuriste, en proie à une décadence totale de la civilisation.
De prime à bord le propos semble pourtant plutôt intéressant, mais la manière de l’exploiter et de le porter à l’écran, est catastrophique et sans aucune finesse. Montrer la décadence et la fuite en avant d’une société en bout de course, peut se faire de manière plus subtile. Où est le Coppola de Dracula? Pas possible, il est devenu sénile comme Ridley Scott, ou c’est un film-gag pour se faire plaisir, je m’interroge sérieusement sur le bienfondé de ce long-métrage.
Et puis esthétiquement la CGI n'aide pas à sublimer à l'écran, cette Cité fantasmée et fantasmagorique, symbole d’une société qui périclite. On avait là une matière première qui aurait pu crever l’écran en travaillant la photographie et les plans, hormis cela, il nous fait du sous Terrence Malik, avec de la musique mystique en arrière fond. C’est un comble pour un maître du visuel de la trempe de Coppola. On ne va pas citer sa filmographie pour s’en assurer, on le sait.
En fait la CGI est absolument dégueulasse, c'est presque une farce à ce stade. Et puis c'est au-delà même d'un souci purement esthétique. Cela concerne aussi et surtout tous les plans, que je qualifierais de quelconques ; une photographie finalement terne, qui ne vibre pas et qui ne magnétise pas le spectateur. Appliquer en post-prod un filtre lumineux ne fait pas de mirable. Y a d’ailleurs un air très vague et lointain à "SinCity" de Frank Miller et à "Cosmopolis" de David Cronenberg, mais on est quand même bien loin de ces excellents films.
Néanmoins, faut rendre à César, ce qui est à César (facile celle-là), certains passages ont des dialogues intéressants ; ils soulèvent des thèmes qui méritent réflexion. Et puis le petit délire très matrixien avec Laurence Fishburne (Morpheus dans "Matrix") qui incarne le voiturier de César (Adam Driver) et qui part dans une tirade sur le Temps, on dirait qu'il parle de la Matrice, petit délice furtif. Au-delà de ça, c’est un film oubliable et déjà presque oublié. En fait Megalopolis c’est une mauvaise pièce de théâtre, mais encore pire un film à projeter sur grand écran. Un gâchis total.
Et que fait Dustin Hoffman dans ce film?! Il est venu pour encaisser un dernier petit ticket.
Et puis Adam Driver, sous psychotrope nous la joue Alan Wake II avec des hallucinations incongrues entre l’espace et le temps. Coppola a dû certainement bien fantasmer sur les excellentes scènes du jeu - elles-mêmes d’ailleurs inspirées par "Twin Peaks" et "The Twilight Zone" -, qu’il nous balance à la gueule sans même les digérer. Je pense que Coppola a également adoré la séquence de "Dishonored II" avec le Pendule de l’Outsider, parce qu’il reproduit strictement quasi à l’identique la déformation espace spatio-temporel avec son cristal, ça et le design BioShock cheap. Mais quel gamer!
Le papy Coppola ne nous aura rien épargné ; le final est un fatras de séquences mélodramatiques (sortez les mouchoirs) ou il fait péter tout le budget de la CGI, toujours aussi criarde. Vous allez bouffer de l'Happy End comme vous en a jamais mangé au cinéma. Allez rideaux!
PS: Selon moi, Adam Driver est vraiment grillé, il n’apparaît quasiment dans aucun film valable. "Le Dernier Duel" est bon, "House of Gucci" et "Ferrari" sont des films du dimanche soir, le reste est sans commentaire.
PPS: Le cas Shia Labœuf est une vaste blague. Ce mec est une caricature sur pattes de sa propre existence et déchéance. Il n’y a rien à ajouter, c’est édifiant de bouffonnerie.