Megalopolis de Francis Ford Coppola a parfaitement su transformer une attente de quatre décennies en une expérience cinématographique aussi indigeste qu'un banquet romain trop arrosé. Imaginez un instant que l'on confie les rênes de "Blade Runner" à un étudiant en arts déco septuagénaire : le résultat serait probablement moins chaotique que cette prétendue épopée futuriste.
Adam Driver, dans le rôle de César Catilina, semble avoir été dirigé avec autant de conviction qu'un GPS défectueux. Son personnage, censé incarner un architecte visionnaire, se perd dans des monologues pompeux qui feraient bâiller un professeur de philosophie en pleine crise existentiele. Quand à Giancarlo Esposito, campant le maire conservateur Franklyn Cicero, il réussit l'exploit de rendre la rigidité encore plus rigide, si cela était humainement possible. Nathalie Emmanuel, dans le rôle de la fille du maire, apporte une touche de glamour aussi pertinente qu'une cerise sur un gâteau brûlé.
Le scénario, ou devrais-je dire le patchwork d'idées non abouties, tente de juxtaposer une Rome antique fantasmée à une Amérique moderne en pleine décadence. Le résultat ? Une cacophonie visuelle où les décors futuristes semblent avoir été empruntés à une production de série B des années 80. Les effets spéciaux, quant à eux, oscillent entre le risible et le franchement embarrassant, rappelant les heures les plus sombres des jeux vidéo de la PlayStation 2.
Les dialogues, probablement écrits lors de séances de spiritisme avec des philosophes décédés, sont d'une lourdeur telle qu'ils feraient passer une dissertation de terminale pour un haïku. Les personnages s'échangent des répliques alambiquées, espérant sans doute masquer la vacuité abyssale de l'intrigue. Mais ne vous y trompez pas : sous cette façade prétentieuse se cache un néant narratif digne des plus grands navets du septième art.
Certains critiques, probablement en proie à un syndrome de Stockholm cinématographique, ont osé qualifier "Megalopolis" de chef-d'œuvre incompris. Peut-être ont-ils assisté à une version alternative du film, projetée dans une dimension parallèle où le bon goût est une notion relative. Pour le commun des mortels, cependant, ce film s'apparente davantage à une punition qu'à un divertissement.
Comment dire ... Megalopolis est la preuve vivante que même les plus grands réalisateurs peuvent sombrer dans les abysses de la mégalomanie artistique. Si vous tenez absolument à gaspiller trois heures de votre vie, libre à vous de tenter l'expérience. Mais ne dites pas que vous n'avez pas été prévenu !