En 2010, DreamWorks Animation est à un des tournants de son histoire. Sa lucrative franchise Shrek se termine avec un quatrième volet, heureusement le premier Dragons est là pour reprendre la relève. Monstres contre Aliens sorti en 2009 est décevant et ne fait pas rentrer les sous.
Et il y a Megamind.
Qui ?
Megamind, c’est le meilleur méchant, toujours opposé à Metro Man, héros local et apprécié de Metro City. Tous ses plans pour conquérir cette belle ville échouent à cause de ce surhomme à la force, la vitesse et l’égo inébranlables.
Assez ironiquement, c’est bien Megamind le héros de cette aventure, lui le vilain machiavélique. Il nous présente son enfance, et en tant qu’alien violet au crâne hypertrophié, elle n’a pas été tout rose. Heureusement il a pu compter sur “Nounou”, son garde du corps, assistant et ami, un poisson intergalactique dans un costume simiesque mécanique, rien que ça.
Génie du mal, mais aussi fanfaron grandiloquent, il possède néanmoins une certaine finesse, et une certaine fragilité. Son rôle, il l’a endossé aussi pour se faire remarquer, conscient qu’il avait ainsi trouvé une place.
Mais cette place d’éternel perdant à l’habituel jeu entre lui et Metro Man se termine quand son dernier plan le laisse sans son adversaire fétiche. Réduit à l’état d’os, le vaillant protecteur de la cité n’est plus, Megamind a réussi. Il prend les rênes de la ville, fou de joie. Il peut alors s’en donner à cœur joie dans l’exercice de sa vilénitude, qui sont autant de vilaines blagues plus enfantines que démoniaques. Mais rapidement, il constate que cette nouvelle situation lui déplaît.
Que faire ? Il faut un nouveau héros à Metro City, qui pourra le combattre et l’empêcher de nuire, remettre l’histoire habituelle dans son cours normal. Il va alors décider de le créer, tandis que Roxanne Ritchi, la plus importante journaliste de la ville, est sur ses pistes, bien peu discrètement. Une idée qu’il va encourager en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Mais, fidèle à ses habitudes, les bonnes idées de Megamind déraillent toujours à un moment ou à un autre.
Sorti en 2010, Moi, moche et méchant proposait lui aussi une histoire de vilain entraîné dans une quête qui l’amènerait à revoir sa situation. Là aussi la figure classique de l’antagoniste habituel était retravaillée pour en offrir d’autres nuances, plus subtiles.
Mais les deux œuvres diffèrent sur de nombreux autres plans. Megamind est une amusante réécriture autour de l’univers de Superman, dont on s’amusera des plus ou moins évidentes références sans qu’elles n’écrasent le récit. Megamind est donc le vilain habituel, classique même, dans sa grandiloquence un peu old-school aux plans simplets qui ne fonctionnent jamais. Le voir réussir est donc un tour de force pour tout le monde, toute la ville étant habituée à ses échecs.
C’est ce changement de l’ordre établi qui va pourtant lui permettre de trouver une nouvelle voie, mais qui va aussi questionner celui d’autres personnages autour de lui. Les frontières entre le bien et le mal sont floues, et que ce qu’on attend d’untel ne doit pas forcément le définir. Il faut ainsi aller contre les conventions et notamment sociales pour accepter qui on est, ou qui on pourrait devenir.
Le film est donc assez fin, parfois même touchant, la grandiloquence de Megamind l’accompagnant dans une certaine mélancolie exprimée avec une emphase appuyée, mais sans jamais oublier que le métrage est une oeuvre animée qui doit divertir. La mise en scène est pêchue, le rythme est cardiaque, et à cette allure certains points seront rapidement sacrifiés, c’est obligé. Mais grâce à son cocktail dynamisé aux éclats d’émotions bienvenues, Megamind se révèle bien plus surprenant qu’attendu, arrivant à nous rendre attachant ce drôle de personnage loufoque.