Il a des soirs comme ça, je n'arrive pas à dormir et au lieu de compter les moutons, de faire des exercices de respiration ou de lire un bouquin comme tous les gens sensés font, je décide de me mater un petit film d'horreur. Ce soir là, j'ai vu Would You Rather (critique disponible) mais ça ne pas m'a pas suffit, il a fallut que j'enchaîne sur Megan Is Missing dont je ne savais rien. J'avais totalement zappé que j'avais ajouté ces deux films à ma liste d'envie sur ce site en consultant un sondage sur les meilleure films sur le sadisme. C'est comme ça qu'on se retrouve à regarder l'un après l'autre deux films sur le même thème, la torture. Un à la fois aurait suffit. Autant vous dire que ma nuit fut agitée.
Vous devinerez que ce n'est pas Would You Rather qui m'a le plus traumatisée.
Je suis une grande fille amatrice de films à sensations, autant vous dire que je ne suis pas facilement impressionnable. Ou alors si je le suis, j'en garde toujours un bon souvenir. Je cherche à être surprise, choquée, sortie de ma zone de confort en permanence. Irreversible est mon film français préféré, j'ai trouvé que The Green Inferno était un survival très divertissant. Ces exemples ne sont pas pris au hasard, ils ont des thèmes communs avec Megan Is Missing : le viol et la torture.
Pour en revenir au film en lui même, je vous conseille vivement de le voir en en connaissant le moins possible, de vous retenir de googueuler afin de préserver l'effet de surprise. C'est ce que j'ai fait et ça aide vraiment à apprécier.
Le film est un found foutage ultra réaliste mêlant images de vidéo perso, webcam, téléphone, photographies et reportages télé. Le tout bénéficie d'une très bonne création d'univers tellement cohérente que nombre de personnes pensent, comme pour Blair Witch à l'époque, que tout est vrai.
Les actrices sont bluffantes de naturel, les seconds rôles également et ce bon jeu d'acteurs combinés à la forme du film permet d'atteindre un niveau de réalisme bluffant. Il y a de grandes chances pour que, comme moi, vous soyez happés dans ce faux documentaire sur la vie de deux jeunes ados aisées californiennes. Sexe, drogues, fêtes décadentes : on comprend vite qu'on nous met face à une réalité qu'on a envie d'ignorer si comme moi vous faites parti de ces gens pour qui la rébellion ultime a consisté à fumer quelques joints vers 16/18 ans. Elles en ont 13 et 14.
On s'attache aux personnages qui sont moins clichés qu'ils en ont l'air. La "rebelle populaire" est néanmoins intelligente et a compris que ses amis de fêtes n'en sont pas vraiment et préfère passer son temps avec sa meilleure amie, une jeune fille impopulaire et beaucoup plus sage.
Voilà, on est dedans, on s'attache aux personnages, c'est le moment idéal pour le film pour partir en vrille.
Habituellement, je spoile pas mal, ici j'éviterai afin de préserver ce qui fait une grande partie de l'efficacité du film. À la manière d'Audition de Takeshi Miike, une cassure implacable et inattendue (attendue dans le fond, mais pas dans sa forme) s'opère et nous plongeons aux confins de l'Enfer. Les dernières 20 minutes sont à la limite du supportable.
Ici je m'adresse à ceux qui ont vu le film. Laissez moi vous dire que le dernier plan séquence m'a retourné le cerveau pour longtemps. Un "mindfucking" en bonne et due forme.
Je conseille ce film aux amateurs d'extrême uniquement. À ceux qui on trouvé A Serbian Film cool et divertissant. Dans ce dernier, on est souvent à la limite du grotesque, du too much, ce qui crée un échappatoire pour le spectateur, une possibilité de prendre du recul. Avec Megan is Missing, tout est fait pour qu'une quelconque prise de distance soit impossible. J'ai presque regretté de l'avoir vu tellement il m'a fait du mal à l'intérieur. C'est pour ça que je ne lui ai mis ''que'' 8.
Megan is Missing est une claque véritable, une heure et demie de cinéma extrême et implacable bénéficiant d'une réalisation et d'un concept ultra maitrisés qui ne vous laisseront pas indemnes...