Une comédie, oui, certes, mais pas toujours si drôle. Il y a des moments tout-à-fait hilarants et d'autres plus chargés d'émotion. Une comédie sentimentale ? ça doit être ça, quoique, …
Le sujet tourne autour du difficile cap, pour certains parents, du départ de l'enfant du giron familial et de son envol.
Ici, un père (Gérard Jugnot), patron d'un salon de coiffure à Cancale, dont la seule ambition est de voir sa fille (Bérénice Bejo) lui succéder, va se heurter à la volonté inébranlable de cette dernière de devenir comédienne mais ailleurs.
D'un côté, un avenir sûr mais étriqué à Cancale. De l'autre, un avenir incertain mais "open".
Le père surprotecteur (la mère a abandonné mari et fille, il y a longtemps) et la fille encore mineure, on est en droit d'imaginer qu'on va directement au conflit.
Le scénario de Gérard Jugnot et d'Isabelle Mergault est plutôt bien ficelé en mettant en opposition deux mondes professionnels très différents, mutuellement incompréhensibles. Et pourtant, ces deux mondes sont deux mondes de l'apparence : la coiffure (une cliente voudrait une coiffure façon Sophie Marceau, Jugnot porte une perruque sur son crâne dégarni) et le cinéma (la mise en œuvre du faux à un stade industriel). Et pourtant aussi, père et fille sont des artistes, chacun dans son activité …
"le cinéma, c'est pas un métier" dit l'un. "Et schtroumpf, tu crois que c'est un métier ?" rétorque l'autre faisant allusion aux teintures bleues que vend Jugnot dans son salon à ses clientes.
C'est bien joué que ce soit par Jugnot dans le rôle du père ou Bérénice Bejo dont c'est le premier rôle d'envergure au cinéma. Même si Jugnot a tendance à forcer un petit peu le trait dans les scènes de tournage de sa fille où il essaie (en vain) d'imposer sa présence.
Côté cinéma, je pense qu'on a droit à un petit festival de clichés sur l'ambiance "speed" du lieu de tournage où tout le monde s'agite, où le producteur passe son temps à arranger les petits conflits, où le metteur en scène séduit ses actrices, où tout semble être une grande famille (de petits requins). Mais c'est égal, c'est assez amusant car ne connaissant pas du tout ce milieu, c'est bien un peu comme ça que je me l'imagine.
Pour finir, j'ai bien aimé deux scènes – un peu en marge du film.
La première est le clin d'œil super sympa avec Tiki Holgado dans un rôle qui rappelle "Une époque formidable"
La deuxième est la référence à une émission TV que j'avais beaucoup de mal à supporter à l'époque (à cause du dégoulinement des bons sentiments, beurk !) où JP Foucault faisait la surprise à son invité d'avoir retrouvé un parent ou un ami. Ici, dans ce film, ce que j'ai aimé trouver, c'est l'aspect destructeur ou l'hypocrisie de ces retrouvailles publiques.
À cause de ces deux petites scènes, je crois que je vais oser pousser mon pion de 6 à 7.