Le film voit le retour dans sa ville natale d'Amin, un apprenti scénariste qui va retrouver sa meilleure amie, son cousin dragueur en diable, et l'occasion de faire de belles rencontres durant cet été 1994.
Il va sans dire que j'adore La vie d'Adèle, et j'étais très impatient de savoir ce qu'allait faire l'imprévisible Abdellatif Kechiche : il présente une tranche de vie de près de 3 heures, où on va surtout suivre ce jeune homme, Amin, qui est en quelque sorte le point central de ce qu'il vit et voit.


Il y a sûrement des choses à reprocher au film, mais j'ai été complètement emporté durant ces près de 3 heures, qui rappelle bizarrement La graine et le mulet dans le sens où on suit le cours de la vie d'une personne. On retrouve des points communs avec d'autres films de Kechiche comme la danse, les repas ou le sexe (avec une scène de cul dès les premières minutes !), mais ici, il semble plus libre que jamais dans ce qu'il veut nous montrer et dire.
D'abord dans le choix des acteurs, qui sont soit des amateurs comme Amin, joué par Shaïn Boumedine ou les deux jeunes femmes jouant Céline et Charlotte, Lou Luttiau et Alexia Chardard, des silhouettes comme Salim Kechiouche. La seule personne connue, avec guillemets, étant Hafsia Herzi qui joue la tante d'Amin.


Il y se dégage un naturel souvent confondant de ces acteurs, et Amin est sans conteste un personnage vraiment touchant, qui peut dérouter par sa passivité, aussi bien dans ses activités que son rapport avec les femmes, mais qui dégage beaucoup de sympathie. Tout comme son cousin, Tony, qui drague tout ce qui bouge, qui a son plan cul, qui est au fond gentil lui aussi, même s'il ne pense pas souvent avec la tête.
Quant aux femmes, on peut reprocher cette façon qu'a Kechiche de les filmer de très près, jusqu'aux fesses, mais il y a quelque chose de l'ordre du sacré dans cette représentation, surtout dans le personnage d'Ophélie que je trouve non seulement magnifique, mais qui assume de profiter de son corps, de son âge, malgré qu'elle ait un fiancé qui soit ailleurs. D'ailleurs, pour en revenir à ce dernier, qu'on ne verra jamais, il est traité de manière intelligente, car sa présence, limite menaçante, semble toujours là en fond.


Quant à la mise en scène, elle fait penser à du Rohmer, notamment Conte d'été, dans cette façon de filmer les corps jeunes, notamment à la plage, où des lieux très vivants, jusqu'à une scène formidable en boite de nuit. Qui m'a non seulement rappelé des souvenirs au niveau de la musique, mais où on voit des gens danser in extenso, ce qui est devenu rare dans le cinéma français.
Avec ce film, Kechiche le voit comme l'équivalent de la saga Antoine Doinel, à savoir un personnage qu'on suivrait sur plusieurs années, et c'est exactement ce qu'on ressent dans ces près de 3 heures de visionnage ; on n'a pas envie de les quitter.


A mes yeux, Kechiche frappe très fort, et propose au fond une histoire intemporelle, et une liberté de ton qui n'appartient qu'à lui, pour un grand film. Vite, la suite !

Boubakar
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le 6 sept. 2018

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Boubakar

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