Attendu au tournant après un Antichrist dont la forme oppressante mais très réussie se trouvait confrontée à une histoire assez décousue, Lars Von Trier revient avec Melancholia. Dire que le réalisateur danois divise les spectateurs serait un euphémisme, l'auteur étant considéré par certains comme l'un des grands réalisateurs de sa génération, un homme prétentieux et pompeux pour d'autres.

Les amateurs pourront une nouvelle fois apprécier un esthétisme flamboyant dont les références, de Bruegel aux Préraphaélites, sont clairement évoquées à travers une succession de tableaux vivants dans une introduction composée d'effets spéciaux aussi originaux que réussis. Connu pour pousser ses acteurs jusqu'à leurs limites (et parfois au delà, Bjork en sait quelque chose) Von Trier tire ici le meilleur du duo Dunst/Gainsbourg, la palme accordée à la première, méritée, aurait pu déboucher sur une double palme tant elles sont complémentaires. Les seconds rôles, notamment une effrayante Charlotte Rampling, ne sont pas en reste.

Les détracteurs pourront souligner dans Melancholia un manque total de surprise dans les thématiques abordées. Von Trier tombe dans une misanthropie trop palpable, trop frontale et surtout déjà traitée maintes fois chez lui. L'absence d'enjeu dramatique n'aide pas à dynamiser le film puisque nous apprenons dès le début du film que la Terre sera détruite. De fait Von Trier a bien du mal à nous intéresser, et si les actions et réactions des différents protagonistes face à leur mort inévitable constituent un sujet intéressant, on tombe dans le classique thème de l'être humain constitué des dominants exécrables et de faibles pathétiques. Le film, sectionné en deux parties (après l'introduction) présente chacune des deux soeurs passant tour à tour du statut de dominée à dominante. Misanthropie oblige, quel que soit leur état d'esprit il n'y aura pas de salut, l'être humain ne le mérite pas.

Difficile de juger une oeuvre comme Melancholia, Von Trier a évolué et ne se sent plus obligé d'insérer des scènes chocs et nous livre cette fois-ci une histoire simple et limpide mais avec un fil directeur tellement fin qu'il se rompt facilement pour peu qu'on attende un peu plus qu'une ambiance réussie et un superbe visuel.
Necronembourg
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le 27 févr. 2012

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