Avec Melancholia, Lars Von Trier renoue avec la (relative) simplicité et la qualité d'un Dogville. Loin de l'abscons Antechrist, le scénario de Melancholia est un peu plus facile à interpréter et à assimiler. On fait vite le parallèle entre la planète bleue menaçant de heurter notre bonne vieille Terre et la maladie de la belle Justine.
Celle-ci souffre de mélancolie profonde, n'arrive pas à être heureuse même dans les moments où elle le "devrait", comme lors de son mariage ; on peut même aller jusqu'à la qualifier de dépressive lorsqu'elle rejoint sa sœur dans son splendide palace et ne parvient même plus à se nourrir et à se laver ! L'évolution de la maladie se compare aisément avec la trajectoire de la planète : cette dernière pouvant s'écraser (représentant la mort) ou bien frôler la Terre puis s'éloigner comme la maladie peut s'effacer progressivement.
Kirsten Dunst incarne magnifiquement le personnage de Justine, tantôt contrainte de paraître heureuse, tantôt détruite et sans espoir, pour finir calme devant l'inéluctable. L'explication du réalisateur à ce propos est éclairante, il justifie le comportement serein de la jeune fille (à l'opposé du suicide de son beau-frère et de la panique de Claire) par sa nature de mélancolique. Une personne dans cet état d'esprit n'est pas effrayée par la mort et a ce dégout de la vie qui l'empêche de craindre sa perte. On le comprend lorsque Justine parle de d'une Terre mauvaise dont elle ne regrettera pas la disparition.
Claire subit quant à elle un tiraillement entre les convictions scientifiques rassurantes de son mari et les "on dit" de l'Internet ainsi que l'état d'esprit déprimant de sa sœur. L'influence de cette dernière est palpable.
En plus de toutes les qualités d'écriture du film (quoique les dialogues auraient pu être plus inspirés) et des réflexions et émotions qu'il amène, Melancholia propose une esthétique troublante, inspirée des peintures allemandes, sombre et parfaitement en accord avec la thématique du film ; la musique de Wagner finit quand à elle de nous convaincre de la portée artistique du long-métrage.
Melancholia réussit parfaitement à transposer la mélancolie dans ce qu'elle a de beau (si si !), de touchant, d'étouffant et de désespérant.
Au final peut-être que seuls les mélancoliques pourront comprendre le personnage de Justine et l'aimer, tandis que les autres s'ennuieront et s'exaspéreront devant un comportement qui pourra leur paraître capricieux, grotesque et en dehors de toute réalité.
Alors Melancholia, œuvre fermée, réservée à un public restreint ? Et ce malgré un scénario léger et plus facilement déchiffrable que d'autres films du réalisateur ? Peut-être bien que oui...
Réservée aux habitants d'une cabane protectrice que seule Justine a su construire...
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