J'écris sous le coup de l'émotion, je tiens à le préciser. Demain, en me relisant, j'aurais peut-être honte, mais ... Mais j'ai envie d'écrire à propos de ce film.
De Lars Von Trier, je n'avais vu que "Dogville". Qui est, à l'heure actuelle, un de mes films favoris, parce que cruel et beau, et surtout magistralement orchestré. Et puis, sans le voir, j'avais écouté en boucle les musiques du fameux "Breaking the waves". De Lars Von Trier, je ne connais donc que des ... éclats, disons. Et ce soir, après avoir tanné ma famille pendant des heures, j'ai enfin vu "Melancholia".
Si vous saviez comme mon cœur bat vite. J'ai l'impression qu'il va me déloger des vertèbres Je suis sortie de "Melancholia" aussi étourdie qu'après trois verres de vin. Ivre, quoi. C'est si bon, cette sensation.
Je ne ferais donc qu'une critique favorable à ce film. Oui, j'aime le théâtral. Oui, je vénère le spectaculaire. Et, non, je ne suis pas difficile, certes. Mais il est rare qu'un film me retourne autant. Y'a bien eu "Bellflower", mais c'était pas pour les mêmes raisons.
Le jeu des acteurs est époustouflant. On peut dire lent, oui, mais cela permet de mieux apprécier le film. Notre regard ne gambade pas à tout va, ici et là, il prend le temps d'apprécier et de se poser. On s'imprègne de ce film, pour mieux le laisser nous écraser par la suite. Grands dieux, jamais le ciel ne m'a semblé aussi lourd, ni le vent aussi hurlant ! Je ne décèle aucune fausse note, en tout cas, à ce niveau. On ne peut que ressentir de l'empathie pour ces deux actrices effrayées, l'une par la mort, l'autre par la vie.
Les couleurs sont délicieuses, avouons-le. C'est un film brutal, sur fond pastel. Cruel et doux. Le paradoxe ne peut que nous séduire. Il rend "Melancholia" à la fois fantomatique, et incisif.
Les dialogues sont exquis. Poétiques, surtout. Cette boule de laine grise qu'évoque Kirsten Dunst, et cette violence avec laquelle elle s'exprime, se mêlent aux douces phrases de Charlotte Gainsbourg, pour se heurter ensuite aux autres phrases psalmodiées tout au long du film. C'est presque une mélodie, entêtante et inquiétante.
En somme, "Melancholia" est déstabilisant. Ce ne sont que des duels, qui s'affrontent. Deux sœurs. Deux planètes. Deux ombres à ces arbres bien taillés. La vie et la mort, ou carrément la Vie et la Mort. Deux chapitres. La tendresse et la virulence. La seule qui demeure sans adversaire, c'est bien la peur. Celle qui nous étouffe encore, même quand le générique défile.