L’être humain a cette faculté à la fois exceptionnelle et tragique d’être conscient. Conscient de soi, de la vie, et indissociablement de la mort. La réflexion ne peut être qu'à l’honneur bien qu'effectivement Melancholia puisse être critiquable sous bien d’aspects, certes. Pourtant c’est là, c’est écrit. J’avoue avoir viscéralement détesté le début du film tant il était faussement tendu vers l’excellence, autant pour les plans, l'esthétisme, que pour les dialogues. L’idée, le thème général de Melancholia dérange lui aussi pour plus d’un car reflète sobrement et de manière authentique la plus grande peur de la race humaine : l'extinction de soi, l'extinction de "tout". Ce frisson qui s'empare de toi lorsque tu penses au néant, à cette perte de contrôle inévitable.


Le jeu de Charlotte Gainsbourg a été pour moi magistral, et capital quant à la réussite de l'oeuvre de Lars von Trier. Elle a su me transmettre avec brio l’impuissance, l’insécurité, l’égarement géographique/mental, la paralysie, le manque d’air... Un désespoir tel qu’il n’y a plus rien à faire à part attente et l'acceptation.
Concernant Kirsten Dunst, ça a été très mitigé. Elle m’a plusieurs fois énormément dérangée durant ces deux heures, une petite envie de lui foutre des claques. Tant que j'y pense, sa maladie était une bonne idée, mais terriblement sous-développée. Et sinon les gens sexistes et clichés, qui a vraiment la bêtise de croire que le mariage était le plus beau jour de la vie d’une femme ? J'aime ce côté réaliste où rien n’est entièrement beau/bon, rien n’est entièrement laid/mauvais : donc pas de vision manichéenne ici, à mon plus grand bonheur.


En fait Melancholia, c'est surtout psychologiquement que ça se passe, jusqu'à avoir un frisson s'emparant de tes jambes, qui n'est autre que la peur du vide. Le fond est simple, réaliste et primitif. Et ma note peut-être exagérément élevée se traduit d'une part du bad intense lors du visionnement, d'autre part de la nuit atroce qui a suivi le film. Chapeau l'artiste de m'avoir fait me sentir mourir.

farewellglance
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus/revus : 2013

Créée

le 9 mai 2013

Critique lue 429 fois

6 j'aime

5 commentaires

urob _

Écrit par

Critique lue 429 fois

6
5

D'autres avis sur Melancholia

Melancholia
Thaddeus
5

Le nombril de Lars

Comme souvent, il est difficile d'émettre un avis valide sur un film qui a été tant commenté, et qui a conquis dès sa sortie une très grande notoriété auprès du public cinéphile, y compris parmi ceux...

le 11 juil. 2012

154 j'aime

23

Melancholia
TheScreenAddict
10

Monumental !

Jusqu'à présent, nous n'avions vécu la fin du monde au cinéma qu'à travers un nombre incalculable de films catastrophe, souvent outrancièrement spectaculaires, presque toujours issus des studios...

le 14 août 2011

153 j'aime

30

Melancholia
Hypérion
8

Sometimes I hate you so much, Justine

Deux sœurs, deux corps célestes, deux parties jointes par une introduction qui officie également comme conclusion. Melancholia est un film circulaire, où les lentes rotations des planètes et les...

le 19 août 2015

117 j'aime

3

Du même critique

Melancholia
farewellglance
9

Néant

L’être humain a cette faculté à la fois exceptionnelle et tragique d’être conscient. Conscient de soi, de la vie, et indissociablement de la mort. La réflexion ne peut être qu'à l’honneur bien...

le 9 mai 2013

6 j'aime

5

Las Vegas 21
farewellglance
5

(Critique en résumé et sans spoil.)

Points négatifs : - Teen movie - En plus d’être pour ado, beaucoup trop cucu - Assez prévisible - Trop gentillet - L’ensemble du film reste assez fade, même si les réalisateurs ont essayé d'y mettre...

le 21 janv. 2013

6 j'aime

Le Festin nu
farewellglance
8

WTF

Nous avons affaire ici à une abondance de métaphores sur l'(homo)sexualité, la drogue, l'écriture, l'imaginaire, l'aversion, la création, la recherche de soi et j'en passe, rendant l'adaptation...

le 11 avr. 2013

6 j'aime