Melancholia par Léo Iurillo
Le film commence par un gros plan sur le visage de Kirsten Dunst, le regard assuré, le teint blafard. Des images d'une beauté extrême, stylisée, suivent alors, en bande sonore, Tristan et Iseult de Wagner. Ce prologue résume les deux parties du film tel qu'il faut les interpréter. Différents tableaux le compose : une mariée (Kirsten Dunst) qui se retrouve piégée par des lianes, puis qui se noie dans un lac verdâtre avec calme, Claire (Charlotte Gainsbourg) courant vainement dans le parc verdoyant de son château tenant son fils dans ses bras. Puis on revient à cette première image : Kirsten Dunst le regard assuré, loin de l'image de la mariée fuyante, des éclairs lui sortant des doigts. La première partie, Justine, montre le mariage raté de cette même Justine, préparé et idéalisé par sa sœur Claire qui voudrait lui faire plaisir . Mais, Justine ne veut pas de tout ses fastueuses intentions, dépressive, elle gâche sa cérémonie, puis le mariage lui même, en une seule soirée. La seconde partie, Claire, inverse les rôles. Claire, qui était le secours de Justine lorsqu’il s'agissait de vivre devient paniquée et mal-assurée lorsqu'elle apprend la fin du monde imminente. Tandis que Justine face à cette fatalité devient sereine et prend les choses en main pour sa sœur.
Ce film est incroyable tant par la beauté de l'image, que par la subtilité avec laquelle Lars Von Trier film la fin du Monde. Le seul défaut de ce film est la première partie. Il reprend le scénario de plusieurs de ses anciens films (Breaking the Waves, Dancer in the Dark). Une femme, faible, un peu folle, hors de la réalité, voit sa vie se désordonner et virer au cauchemar, autour d'elle, une autre femme la soutient, une femme forte, consciente des événements, mais également des personnes qui veulent profiter de sa faiblesse. Heureusement, la seconde partie fait tout basculer et le schéma est inversé. Justine prend le dessus, Claire perds ses moyens et son mari abandonne tout simplement.
On pourrait presque dire que le sujet de ce film n'est pas la fin du Monde mais la manière dont l'Homme se cache de la fatalité de sa propre fin. L'Homme vit pour oublier qu'il va mourir, il organise de grandes réceptions, se marie, croie en l'amour, s’intéresse à l'astronomie, à l'Art et refuse que d'autres hommes ne vivent pas comme eux. Il refuse de voir la vérité, et ceux qui en sont conscient (Justine dans ce cas là) ne seront pas acceptés tels qu'ils sont. En somme, un film à voir, qui fait réfléchir.