Cela fait un bon bout de temps que je voulais voir Melancholia sans être prête à faire le pas. J’étais à la fois attirée et repoussée par la superbe affiche du film et par son titre. Je me suis enfin décidée et je n’ai pas regretté. Je ne m’attendais à rien mais je ne m’attendais pas à ça ! C’est un film de science-fiction atypique. Plutôt un film existentiel et métaphorique. Le titre renvoie à l’état psychique de Justine (Kirsten Durst) mais aussi à une planète qui porte ce nom et menace de croiser l’orbite terrestre.
Le rythme est lent, contemplatif, certaines images sont d’une grande beauté, Melancholia est d’abord un film qui se ressent et cela dès la superbe et saisissante séquence d’ouverture accompagnée du Prélude de Tristan und Isolde de Wagner. Si le thème principal est celui de la mélancolie, il n’est curieusement pas déprimant, bien que je ne conseillerais pas de le regarder en période de spleen. C’est un film qui nous place face au sens de l’existence et tout le monde n’est pas armé de la même manière face à cette question sans réponse. Certains s’étourdissent dans la fête et le matérialisme, tel le beau-frère richissime de Justine, tandis que d’autres refusent de prendre part à la comédie humaine, affrontent leur mélancolie profonde et sont du même coup prêts à faire face à tout ce qui peut advenir. Justine, qui est happée par la tristesse qui l’habite, est également d’une grande sensibilité qui lui permet de sentir les choses à l’avance, de les connaître. Elle se sent en connivence avec cette planète bleue Melancholia qui devient de plus en plus grosse, de plus en plus belle. Loin de la ressentir comme une menace, elle s’expose à sa lumière bleutée. Elle semble attendre d’elle la porte de sortie qu’elle recherche.
Melancholia n’apporte pas de réponses aux grandes questions de la vie, mais il nous fait ressentir la petitesse de l’homme face à l’immensité de l’espace et ses lois chaotiques. Il est visuellement sublime et d’une grande pudeur. Il ne convient certainement pas à tout le monde : il n’y a pas d’action, pas de véritable histoire, il n’est pas réaliste et pourtant il raconte quelque chose d’essentiel pour peu qu’on se mette à son diapason.