Film d'une grande beauté stylistique

Premièrement par son esthétisme, le prologue où le spectateur découvre les différents tableaux de la fin du monde vue par Claire (Charlotte Gainsbourg) et/ou Justine (Kirsten Dunst) justifie à lui seul le visionnage et donne un avant-goût de l'aspect métaphorique de ce qui va suivre (soyez attentifs il y a déjà quelques indices).
Ensuite, le film se divise en deux phases. La première sur Justine et son mariage catastrophique sous tout point de vue. La seconde sur sa sœur, Claire, et la fin du monde imminente vécue par cette minuscule cellule familiale. En réalité, cette seconde partie n'est certainement pas à lire au premier degré, car elle nous montre ce qui se passe en réalité dans la tête de Justine, alors atteinte de mélancolie. Tout prend alors une autre dimension, cette planète menaçante (Melancholia) n'est en fait que la métaphore de la phase finale de sa maladie, la collision avec la Terre n'est autre que la mort (suicide?) de cette femme qui finit par accepter l'issue fatale et devient de plus en plus sereine à cette idée, alors que Claire, elle, est paniquée à l'idée de ne plus faire partie de l'univers de sa sœur, elle n'accepte pas de la laisser partir. Elle, qui a tout fait pour cacher sa maladie, pour la rendre plus heureuse (le mariage, faire comme si tout allait bien, lui cuisiner le pain de viande qu'elle préfère...). L'existence du trou 19 (alors qu'on nous martèle qu'il y en a 18), les recherches internet de Claire "Melancholia + Death" au lieu de "Melancholia + Crash", l'impossibilité pour Justine de s'échapper du domaine à cheval (son cheval est la seule manière pour elle de s'évader, mais elle n'y arrive plus et reste prisonnière de sa maladie qui se fait de plus en plus présente dans sa tête : à chaque tentative pour passer le pont elle se résigne en levant les yeux au ciel pour constater la menace de plus en plus proche), le fait que personne ne réveille le petit garçon à l'occasion du premier passage tout proche de Melancholia (on le tient à l'écart de cette phase critique pour Justine), etc... Tous les indices sont là, et vont dans le même sens : Melancholia est un film à plusieurs niveaux de lecture. Le 1er niveau est un film SF pré-apocalyptique vécu par deux sœurs que tout oppose, le 2ème en revanche ne raconte que la mélancolie de Justine, conférent au spectateur une grande illusion métaphorique.

guimabvue
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2011

Créée

le 4 juin 2015

Critique lue 257 fois

guimabvue

Écrit par

Critique lue 257 fois

D'autres avis sur Melancholia

Melancholia
Thaddeus
5

Le nombril de Lars

Comme souvent, il est difficile d'émettre un avis valide sur un film qui a été tant commenté, et qui a conquis dès sa sortie une très grande notoriété auprès du public cinéphile, y compris parmi ceux...

le 11 juil. 2012

154 j'aime

23

Melancholia
TheScreenAddict
10

Monumental !

Jusqu'à présent, nous n'avions vécu la fin du monde au cinéma qu'à travers un nombre incalculable de films catastrophe, souvent outrancièrement spectaculaires, presque toujours issus des studios...

le 14 août 2011

153 j'aime

30

Melancholia
Hypérion
8

Sometimes I hate you so much, Justine

Deux sœurs, deux corps célestes, deux parties jointes par une introduction qui officie également comme conclusion. Melancholia est un film circulaire, où les lentes rotations des planètes et les...

le 19 août 2015

117 j'aime

3

Du même critique

Le Nouveau Monde
guimabvue
7

Un hymne à la nature et à l'amour

Film historique sur la conquête de l'Amérique, les pionniers anglais et leur projet de construire un nouveau monde parfait, évitant les erreurs de la société européenne. Une utopie lorsqu'ils se...

le 4 juin 2015

Melancholia
guimabvue
7

Film d'une grande beauté stylistique

Premièrement par son esthétisme, le prologue où le spectateur découvre les différents tableaux de la fin du monde vue par Claire (Charlotte Gainsbourg) et/ou Justine (Kirsten Dunst) justifie à lui...

le 4 juin 2015