Si Lars Von Trier peut se comporter comme un vrai con derrière un micro, il faut bien avouer que derrière une caméra il met la fessée à la majorité des réalisateurs actuels. Après un Antichrist relevant plus de la psychiatrie que de l'art, l'auteur du Dogme95 revient à un cinéma plus accessible.
Commençons par la fin, à l'instar du film, c'est un chef d'œuvre. Si la tristesse et le désespoir devaient être incarnées par un film, se serait sans nul doute par Melancholia. Avec son introduction ralentit où chaque plan représente un tableau différent, ses couleurs bleus et vertes annoncent le ton : froideur et naturisme sont de la partie. Le dogme95 n'est plus qu'un souvenir, le film est artificiel et c'est beau. La première partie rejoue le Festen de Vinterberg, présentant une palette de second rôles impressionnants : Rampling délicieusement imbuvables, Hurt cabotine, Skarsgard joue le dadet et Sutherland trouve tout ça « insensé ! ». La seconde partie plonge le spectateur dans les entrailles de la dépression, ça fait froid dans le dos, cette dépression est contagieuse. Malgré des plans sublimes, il est difficile de ne pas sentir un certain malaise face à ce déluge d'autodestruction. Quand Kirsten Dunst apparaît sur le bord de l'eau dans le plus simple appareil, éclairée par la lumière de Melancholia se reflétant dans l'eau, on comprend qu'elle n'a pas volé son prix.
Melancholia prend aux entrailles, et fait chavirer les cœurs, émotionnellement et visuellement, entre une photographie plus que maîtrisée et des acteurs possédés par leurs rôles, on sait que Lars Von trier n'est pas mort.
Sur fond de Wagner, on assiste à la destruction du monde et à la victoire de la mélancolie. Durant les dernières secondes, la caméra s'attarde sur le visage de Dunst où dans ce Chao maîtrisé elle finit par trouver quelques instants de paix, on assiste enfin à un grand moment de cinéma. Nihiliste ? un peu. Magistral ? Assurément !