Tout commence par la musique : le sublime Prélude à la mort d'Iseult sur des images fascinantes, tableaux de peintres hollandais, personnages figés empêtrés dans les fils de cette vie ici-bas, visages nus saisis dans leur vérité profonde sur lesquels se détache Melancholia, inquiétante et prégnante.
Puis Justine apparaît, visage radieux du bonheur dans sa robe de mariée, blonde et lumineuse auprès de son mari, amoureux et ravi, en route vers le manoir somptueux de sa soeur.
Une vision de rêve que ne vont pas tarder à obscurcir les ombres du secret, du mal-être et des rancoeurs enfouies : père infantile, mère désespérément aigrie, soeur partagée entre l'amour et la haine, beau-frère intéressé et mercantile, patron pathétique et pitoyable.
Peu à peu tout se délite dans cet univers qui se voulait parfait, y compris et surtout Justine, de plus en plus accablée au fur et à mesure que la fête avance.
Joie, bonheur, beauté, tout n'est qu'apparence trompeuse, et Justine n'en peut plus de cette robe de mariée qui lui colle à la peau, s'absentant d'elle-même pour scruter le ciel avec angoisse, ressentant, sorcière ou déesse, le lien intime qui la relie à Melancholia.
Une tension grandissante habite la seconde partie qui revêt les traits anguleux de Claire, sa soeur, dévouée, pragmatique, qui affirme son rôle d'aînée tandis que Justine s'embourbe dans une apathie douloureuse.
Et toujours, lancinant leitmotiv de cette fin du monde tant redoutée, ce Prélude qui nous envahit, nous immerge dans la peur qui s'empare de Claire devant les signes avant-coureurs de la catastrophe imminente, alors que Justine, à l'image de Léo, l'enfant de sa soeur, nous offre un visage presque apaisé : trois êtres confrontés à une angoisse terrible, symboliquement protégés par la cabane magique de l'innocence.
Une oeuvre qui nous plonge dans les peurs irrationnelles enfouies au plus profond de nous, inégale mais intense, avec deux actrices qui m'ont progressivement fait entrer dans cet univers inquiétant, ô combien, du réalisateur danois.

Aurea

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