Il est amusant de constater que Henri Verneuil a opposé le "vieux" Gabin aux 2 jeunots qui comptaient en ce début d'années 60, ici Delon en jeune voyou inexpérimenté, juste après avoir utilisé Belmondo en jeune poivrot jovial dans Un singe en hiver. Il savait flairer les bons duos, et avec Gabin et Delon, ce film marche comme sur des roulettes, c'est du grand Verneuil, avec un vrai travail de réalisateur, solide, techniquement soigné, méticuleux, bref ce qui se faisait de mieux dans les années 60 sur ce genre de sujet. C'est pour ça que j'ai toujours aimé ses films qui sont toujours parfaitement calibrés, mais hélas si souvent critiqués par des rabats-joie.
Adapté du roman d'un obscur auteur américain, John Trinian, The Big grab paru en 1961 dans la collection Série Noire, parle d'un cambriolage de casino qui est ici transposé en France, sur la Côte d'Azur. Le plan est audacieux, et tout se déroule sans accroc jusqu'au grain de sable du hasard qui vient saper cette trop belle mécanique, mais il faut bien préserver la moralité. Le film reste justement célèbre par son final au coup de théâtre mythique au bord d'une piscine, ironique instrument du hasard, un coup magistral qu'on appelle aujourd'hui un twist, et celui-là, il est beau ! Ah que j'aime ces polars des années 60, sans violence inutile, à l'ambiance série noire, aux dialogues millimétrés d'Audiard, et au scénario sans fioriture d'Albert Simonin ! Du grand art quoi...