Le film de Henri Verneuil "Mélodie en sous-sol", réalisé en 1963 est tiré d'un roman noir, "the big Grab" de John Trinian publié en France en 1961 dans la Série Noire (Gallimard) avec le titre que reprendra le film.
On retrouve dans le film la trame générale du roman qui se déroule en Californie avec cependant de grosses différences dans le déroulé (Critique à venir).
Pour l'heure, parlons de ce très efficace polar qui met en scène deux vedettes Jean Gabin et Alain Delon. On peut dire que c'est la rencontre de deux générations mais il faut surtout dire que c'est la rencontre de deux mentalités que Verneuil met bien en opposition.
Gabin, jeune, n'aurait sûrement pas été ce qu'est le personnage de Delon montré dans le film.
Charles, le personnage joué par Gabin, est le truand réfléchi et méfiant qui sait bien, qui a toujours su, que le "diable se cache dans les détails" alors que Francis, joué par Delon, est un impulsif qui la joue à l'improvisation "ça passe ou ça casse".
Mais plus que ça, Charles est courtois, respectueux des autres (il l'a sûrement toujours été) tandis que Francis est odieux avec sa mère, avec les femmes, en bref, d'une rare insolence (il le sera toujours).
La mise en scène de ces deux personnages est saisissante.
Le premier, Charles (Gabin), qui sort de cinq ans de taule, dans le train de banlieue, écoute des français moyens, des caves, qui racontent leurs vacances. "le tour du monde à la petite semaine et au retour, tout le monde au régime jockey, très peu pour moi"
Le second, Francis (Delon), en parfait voyou, allongé sur le lit , répond insolemment à sa mère qui se désole: " Un jour, c'est ton père et moi que tu tueras de chagrin", "Tant mieux, comme ça on ne retrouvera pas l'arme du crime"
Le reste du casting est à l'unisson des deux vedettes afin de bien les servir : Henri Virlogeux en vieux truand malade, Maurice Biraud en garagiste, beau-frère de Delon, embauché par Gabin parce qu'il est honnête "Il y a un truc que j'ai compris c'est que le pognon ça se dépense"
Dora Doll en fausse comtesse russe "Te fatigue pas, Totoche, on est du même monde"
Mais tout ceci manquerait bien de sel si je ne précisais pas que les dialogues sont de Michel Audiard. Taillés sur mesure comme d'habitude.
La réalisation de Verneuil est aussi excellente avec les jeux de caméra en plongée à plusieurs reprises amenant des scènes très crédibles pendant le casse et surtout lors de la scène finale très esthétique (ou esthétisante, au choix) avec les deux acteurs (Delon et Gabin) mutiques filmés sous tous les angles, sous une musique tonitruante et limite discordante.
Un bon film de Verneuil (parmi tant d'autres)