Sous-sol ? Fa...Vous vous souvenez du nettoyant marbré de jaune et de vert, créé pour ne pas avoir à nettoyer à fond les citernes de moulage des Monsavon etr Palmolive ? A chaque changement de fabrication de l'un des deux, ça évitait une grande lessive coûteuse jusqu'au jour ou un ingénieur méthodes de Compiègne tenta de ne plus rincer les cuves et conçut un nouveau savon en forme de galet ! Le succès fut tel que "Fa" se vendait mieux que les autres...

Ce film c'est le même : curieux mélange d'humour, de comédie, de parodie, de suspense, de polar, encore que de ce côté-là, ne vous attendez non plus pas à un des meilleurs Maigret mais à un "casse" bien vivant ... Sans sang ! Juste une petite cajolerie...

Un scénario angoissant à un moment avec un pied nickelé de rêve : Delon !

Gabin et lui se servent de "faire-valoir tour à tour. comme le ressent une balle de ping-pong.. Vieux contre jeune...

Comme disait Gabin : "T'as une bonne histoire, tu fais un bon film..." C'est le cas ici...

Les dialogues ? Un régal :

"Des morues de ton espèce, je file un coup de pied dans le bec de gaz et il en tombe cinquante"

A une pseudo comtesse qui est pute : "Te fatigue pas totoche, on est du même monde"

Elle au barman : "Je dois vieillir (...") Délicieuse Dora Doll...

"Delon à sa mère qui lui reproche ses frasques" : Tu vas me faire mourir de chagrin"

Lui :- Au moins, on ne retrouvera pas l'arme du crime !" (...)

Si vous aimez ces morceaux choisis, alors ce film est aussi fait pour vous !

L'affiche à elle seule est une promesse de réussite : aux porte-plumes et sans pâtés : Verneuil, Simenon et Audiard, dont vous aurez reconnu que citations commises par ce dernier...

Le casting ?

Une pépite : des stars nouvelles et d'anciennes comme la roubaisienne Viviane Romance, mais aussi plein de seconds rôles plus effacés qui auraient mérité mieux...

Le talent à lui seul n'est pas un vecteur de réussite, il y a aussi le physique, les relations, la chance..

Il semblerait que la seule survivante de ce film à ce jour (2024) soit Carla Marlier, allemande de naissance en 1938 qui a conservé son accent d'outre-Rhin et joue les entremetteuses...

Le tandem Delon-Gabin était à lui seul une promesse de réussite ! Un ancien tout juste sorti de taule, va retrouver sa femme qui lui est restée fidèle dans un quartier métamorphosé qu'il ne reconnaît plus : elle voudrait ouvrir un resto sur la côte d'Azur. Seulement lui ne se voit pas en marmiton ! Mais plein aux as avec plus d'ambition pour sa maison de retraite !

Le jeune n'a pas encore les nerfs d'acier de son aîné et apprend à voler de ses propres ailes (le double sens est voulu !)

Il ne veut pas jouer les baby-brothers, ou nounous si vous préférez... Les deux compères vont fomenter un coup audacieux : piller le coffre du "Palm Beach"de Cannes , rien que ça !

Melville se serait-il inspiré de Verneuil pour son tournage du "Cercle rouge" genre si vous ne pouvez entrer par la porte, passez par le toit ? Toujours est-il que Delon nous livre ici des images à vous donner le vertige et là, ce n'est pas qu'une image...

Ce n'est donc pas vraiment mélodie en sous-sol mais aubade sur les toits brûlants.. (comme la chatte da,s le long-métrage du même nom)

Alors ce hold-up : coup d'épée dans l'eau ou brillante réussite ? (c'est encore à double sens : pensez à cette piscine...)

Vous comprendrez après avoir regardé de film ce que signifie "blanchir de l'argent !"

De plus, comble du bonheur et cerise sur le gâteau : c'est Verneuil qui est au manche !

Un de mes réalisateurs préférés qui se comptent sur les dix doigts de ma main !

De son vrai nom Achod Malakian, arménien de naissance (1920-2002) il signe ici le dernier film des trois qui lui avaient été commandés par la MGM ! Une sacrée reconnaissance de la part des producteurs américains faisant passer le réalisateur-scénariste au statut des éligibles aux superproductions et une consécration de son talent talent !

Il signe ici le vingtième de ses trente-quatre films, à l'apogée de son art.

J'ai aussi revu ce film d'une oreille plus pointue : la musique est, elle aussi, une petite merveille signée Michel Magne !

Le nom ne vous dit rien ? Revoyez donc dans SC ma critique du "Château d'Hérouville" haut lieu du rock , où le compositeur a laissé sa chemise et ses petites économies dans le cul de basse-fosse de l'édifice avant de se suicider , ruiné : après avoir composé l'illustration de nombre de films, un incendie de sa propriété avait ruiné ses partitions en cours d'écriture , et sa créativité... A moins que ce ne soit l'usure du temps ? Et il s'était recyclé en propriétaire d'un d'un home-studio pour chanteurs en quête d'enregistrer dans le calme et au milieu de la nature...

Alors ce qui est dommage ?

L'affiche, pas très vendeuse...

Le noir et blanc : c'est bien pour le côté "écureil", moins pour mettre de la poudre aux yeux (et pas dans le colt) des spectateurs... Il y a bien eu des colorisations mais rien ne vaut jamais un original.

La truie qui a goûté au sanglier ne veut plus du cochon...

Enfin, le côté fleur bleue des plans d'amour n'est pas très creusé, au contraire ! (le bec de gaz)

Les scènes osées, sauf erreur ou omission, n'étaient pas le dada de Verneuil : dommage, amour et violence sont des extrêmes qui ajoutent à l'intensité psycho-dramatique des récits (comme les Bond)... On est dans un film délibérément froid...

Les résultats de l'époque sont éloquents : en France, une septième place au box-office et

3 518 083 spectateurs, sur quarante-huit ayant atteint le million d'entrées ! Et sans budget faramineux : Verneuil était du genre "bankable" ... Film quand même précédé du "Guépard" avec le même Delon décidément pas au chômage... et tout en tête des scores 1963 : la "Grande Évasion'... Plus proches de cette époque, les spectateurs de mon FAI ont noté 8/10...

Un plébiscite qui se maintient... Les responsables de programmes TV détiennent là une valeur sûre...

Alors, émergez ! (du sous-sol)

.

TV5 Monde le 05.02.2024-10.09.2024-

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le 4 févr. 2024

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le 27 févr. 2024

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