C'est l'histoire d'amour de deux adolescents... Non...
C'est l'histoire de notre contemporanéité des peuples soumis aux guerres et aux migrations... Non...
C'est l'histoire de la révolte adolescente contre des institutions incohérentes et inconséquentes... Non...
C'est tout cela à la fois, mais c'est surtout un hymne à la polysémie et l'équivocité de la langue.
Un des fils conducteurs, de cette petite perle cinématographique, est la mère. Car s'il y a peu de femmes à l'écran, la femme est omniprésente dans le discours. Et même si le choix de l'île de Lesbos est liée à l'histoire géopolitique récente, il n'en demeure pas moins que sur un plan symbolique, Lesbos reste une évocation du féminin.
Avec la question de la mère, c'est aussi celle de la langue maternelle. Qu'est-ce donc que cela, la langue maternelle ? Et toujours avec cette question de la mère, celle de la mère-patrie.
Il est aussi question de nom, de nomination : avoir le même nom, ou pas ; avoir un prénom mais aussi un autre ; être autorisé à porter un nom et bénéficier de son héritage...
Ainsi, le personnage d'Elyas est celui dont on entend le plus souvent prononcer le nom, mais il n'a plus de patrie ; Nassim ne sait pas où il habite - au sens de l'expression populaire, mais il sait bien se revendiquer d'une appartenance ;
Sekou est le personnage de l'équilibre, "l'harmonie", pour reprendre les termes de Basile DOGANIS, le siège des désirs, ceux du savoir, ceux de l'Autre, la fenêtre sur le monde extérieur.


Lui seul ne détient-il pas sa carte d'identité lors de l'arrestation ? Seul à pouvoir justifier par lui-même de son nom et de sa nationalité.


Quant à Elena, elle est aux prises avec un deuil terrible, noyée dans un bain de culpabilité, soluble dans un donner-recevoir-rendre douloureux, mais salutaire. Elle représente le parcours de tout un chacun sur le chemin de la civilisation et de l'accès à l'altérité.
Si la première image montre les jambes d'une personne, surnageant à la surface de la mer, dont on entend la pensée... en grec... La dernière élève vers les Cieux (que j'écrirais volontiers Cyeux) les âmes rencontrées et retrouvées !
Bref, puisse le Meltem souffler assez fort pour vous mener jusqu'aux salles obscures qui le diffusent. Et merci à Sens Critique pour cette belle soirée.
Et comme toujours, tout ceci n'engage que moi !
Bonne séance !

Créée

le 12 mars 2019

Critique lue 286 fois

Agyness-Bowie

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