Dodge, Duck, Dip, Dive, and ... Dodge
J'aime bien quand Ben Stiller incarne un méchant. Déjà il a une moustache. Ensuite il se plaît à pousser le vice au plus loin et à faire de son personnage le plus con et le plus vil à la fois. Dodgeball, c'est l'occasion de le voir poursuivre cette voie sur une longueur de 120 minutes (habituellement il n'agit que le temps d'un caméo comme dans Happy Gilmore).
Le film est certainement un des plus réussis de la frat pack. L'humour passe du gras (Justin Long en pompom boy) à l'absurde (la mort abrupte du coach) sans transition et offre au film un ton particulier. L'écriture ne laisse que peu de place au temps mort (exploit pour une comédie de plus de 90 minutes!) ; c'est à dire que le film se concentre intelligemment sur l'action et exploite les tensions dramatiques très brièvements entre deux match, ce qui évite les lourdeurs que le genre laisse présager. Ainsi toute la morale pourtant très pertinente est prise avec légèreté et le film évite de tomber dans le cliché.
Il faut également souligner l'effort des auteurs pour diversifier les équipes de Dodgeball.
Mais le point culminant de l'écriture réside dans le personnage incarné par Vince Vaughn (pas très loin d'un certain Dude) ; alors que le film fait l'apologie du sport et du 'don't give up', le scénariste a la brillante idée de faire de son héro un apathique comme on n'en fait plus. C'est à dire que Peter Lafleur n'en a rien à carer de trouver l'argent pour sauver son club, il se laisse juste porter par les flots de la vie. Et le plus beau, c'est que lorsqu'il va connaître une évolution et ainsi passer d'un personnage simple (l'apathique) à un personnage complexe (il retrouve la flamme) il n'en perd pas pour autant sa nature (sa motivation reste relativement faible, il est juste convaincu qu'il doit gagner mais n'en devient pas pour autant un grand combattant). Et finalement, c'est ça qui fait la beauté d'un script; au delà de toutes les vannes sucrées (j'entends puériles) le scénario se tient et évite les facilités.
Notons également que les auteurs ont su jouer avec les règles du genre (à savoir les gentils gagnent) en rompant avec la traditionnelle fin sportive : la victoire de nos héro n'est en effet pas celle attendue sur le terrain.
Côté réalisation, ça fonctionne bien. Les matches sont bien foutus, l'action est lisible, les gags sont bien rendus. L'on notera peut être la baisse de rythme en fin de course, quand le drame prend le pas sur l'action. Ce n'est pas que c'est mauvais, mais tout d'un coup il ne s'agit plus de rire, on tombe dans le sérieux. Et ça met un peu de temps avant d'enfin renouer avec l'humour.
Bref, Dodgeball est une comédie made in america de qualité, pleine de surprises comme les membres de la frat pack savent le faire. A voir.