Deux ans après un premier court métrage remarqué, Christopher Nolan se lance dans le long métrage en adaptant pour l'écran une nouvelle écrite par son frère, Jonathan. Multiprimé à Deauville, nominé aux oscars, Memento a lancé la carrière de son réalisateur, et a été le début d'une certaine "Nolan-mania".

Il faut avouer que le film est singulier. Le concept, extrêmement simple en soi, est aussi redoutablement efficace : le spectateur suit les déboires de Leonard, atteint d'un dysfonctionnement cérébral rare qui lui fait perdre la mémoire immédiate. Afin de mieux nous projeter dans la confusion de son héros, Nolan a opté pour un montage à l'envers. Ainsi, tout comme Leonard, le spectateur ignore tout de ce qui vient de se passer. Un effet de montage déroutant mais astucieux, plusieurs questions restant en suspens jusqu'à la fin du film, et donc le début de l'histoire.

Une idée simple mais de bon goût, qui fait tout l'intérêt du film en soi. Le scénario reste en effet plutôt basique, et certains trous dans le scénario apparaissent lors des visionnages suivants, une fois le tout intégré. Heureusement, la mise en scène de Nolan se veut redoutable d'efficacité, que ce soit lors des séquences d'action pures, ou dans les moments plus contemplatifs, durant lesquels ils ne se passent pas grand chose. Un certain côté hypnotique s'installe, et la photographie contribue à rendre les images presque irréelles.

Nolan a su s'entourer (comme par la suite) d'un casting de très bonne qualité. Guy Pearce apporte son charisme a un personnage pas évident à interpréter, et son jeu d'une grande sobriété apporte définitivement un plus. Face à lui, le duo de Matrix Pantoliano/Moss se reforme dans des conditions totalement différentes. Ils prêtent ici leurs traits aux deux personnages sur lesquels reposent l'intrigue, deux énigmes que Leonard tente de percer, avec plus ou moins de succès. Carrie-Anne Moss peine à convaincre en femme fatale, et Pantoliano est plutôt convaincant dans le rôle le plus ambigu du film.

Si Memento est loin d'être dépourvu de défauts, qui se révèlent souvent à la deuxième vision du film, il n'en demeure pas moins une véritable claque, un OVNI pas évident à classer, et qui a révélé au grand public un réalisateur de grand talent.
Hyunkel
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le 11 mars 2012

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