Moins bon que dans mes souvenirs, mais cela reste une adaptation aussi belle que délicate. Esthétiquement le film a la trempe des grands classiques. L'influence de Spielberg, consciente ou pas, crève l'écran. Certains pourront trouver ça trop sage ou académique, le fait est que la mise en scène va à l'essentiel tout en magnifiant son sujet pour un résultat visuellement délectable.
L'histoire, elle, met pas mal de temps à démarrer à cause d'une première partie longuette. Passé cette exposition, le scénario trouve le bon rythme et captive jusqu'à un final simple et pudique, subtilement souligné par John Williams.
En revanche, il est impossible de ne pas parler des choix de production et de ce petit détail qui peut sembler accessoire mais qui joue en fait énormément sur l'appréciation du film en tant qu'oeuvre : "Mémoire d'une geisha" est une production américaine, pensée pour le public américain. Or c'est bien connu, les Américains n'aiment pas les sous-titres (c'est pas moi qui le dit, ce sont les studios).
Passe encore que des actrices non japonaises aient été choisies pour se glisser dans la peau des geishas, même si on peut aisément comprendre les réticences nippones. Mais écouter le casting entier s'exprimer en anglais avec des accents à couper au couteau, ça c'est juste foutrement douloureux pour les esgourdes et meurtrier pour l'immersion. Croyez-moi, si vous êtes pointilleux, il vous faudra prendre sur vous avec rigueur et miséricorde pour apprécier tout le reste. Mais ça en vaut la peine.