Ces mémoires d’une Geisha sont à elles seules un archétype du cinéma hollywoodien par son sujet calibré et ses gros moyens. Mais il n’en reste pas moins une œuvre admirable à bien des niveaux. La technique est irréprochable. La photo vient magnifier chaque scène façon estampe. Les costumes et les décors sont extrêmement soignés et raffinés. Et John Williams nous offre une partition musicale puissante.
Les acteurs sont tout aussi excellents. Notamment le trio infernal Zhang Ziyi, Micelle Yeoch et Gong Li, très impliquées, saisissantes et lumineuses. Certes l’idée de choisir des chinoises pour interpréter les rôles semble paradoxale, mais Othello a-t-il toujours été interprété par des noirs ?
Ce film partait avec tous les atouts du chef d’œuvre. Mais la trame scénaristique est redondante et la réalisation de Rob Marshall vise trop la performance. Cela vient figer l’intensité et tue parfois l’émotion vraie. Mais si l’on se laisse porter par le spectacle, on ne peut rester indifférent à ce récit qui présente bien des attraits. Le moindre n’étant pas le parcours quasi héroïque de ces jeunes filles qui ont sacrifié leurs vies pour devenir tel un parfum suave et langoureux, non pas un objet de plaisir, mais un objet d’agrément.
Dans la noirceur des temps qui courent, un peu de poésie et de volupté sont toujours bons à prendre.