Mémoires de nos pères par BlueKey
En réalisant ce film de guerre, produit par Steven Spielberg, Clint Eastwood ne s’éloigne pas pour autant des thèmes qui le touchent et traversent son œuvre. On retrouve dans Mémoires de nos pères l’altération d’une vérité au profit des plus grands, déjà présente dans Les pleins pouvoirs puis dans L’échange, entre autres.
Pour démêler le vrai du faux, c’est à un incessant retour dans le passé que les survivants et leurs enfants doivent être confrontés. Eastwood se pose la question de savoir si la raison d’Etat prévaut - s’il faut, comme il est dit à la fin de L’homme qui tua Liberty Valance, « imprimer la légende ». Le réalisateur n’apporte pas de réponse radicale ; il montre d’une part les bénéfices d’un tel mensonge (la guerre du Vietnam, elle, aura été perdue à cause d’une photo violente) et d’autre part ses conséquences sur la vie d’hommes, révélant ainsi le contraste entre l’Histoire avec un grand H et la petite histoire, humaine. Il termine ainsi le film sur l’image des soldats s’éloignant quelques instants de leurs devoirs patriotiques, courant pour se baigner dans la mer d’Iwo Jima.